thenone
zennor


The None
Matter And Care – LP
Zennor records 2025

Ceci n’est pas le premier album de The None. Mais il pourrait faire office. En tout cas, si vous avez raté la publication des deux EPs en cassette Matter (août 2024) et Care (février 2025), Zennor records a eu la lumineuse idée de les regrouper et graver sur un sobre vinyle donnant à Matter And Care une très bonne tête d’album à part entière.
Une initiative qui en rappelle une autre, très lointaine, quand Touch And Go avait regroupé deux maxis de Silverfish pour sortir l’album Cockeye. Cela pourrait ressembler à une parenthèse mais The None, également londonien, m’a toujours évoqué Silverfish. Pas spécialement pour la musique bien qu’on soit toujours dans le domaine du quatuor rock bruyant mais dans cette fraîcheur et cette virulence avec lesquelles The None a débarqué dans le paysage, le sentiment que c’est un groupe déjà unique, qu’il ridiculise la concurrence et botte bien des fesses anglaises trop coincées dans leur post-punk. Et aussi pour la chanteuse à forte personnalité qui mène la barque. Kai Whyte se fait plus remarquer par le charisme et la qualité de ses cordes vocales que pour ses frasques et paroles crues dont Lesley Rankine était coutumière mais dans tous les cas, elle fait forte impression.
Avec le guitariste de Cassels et un ancien Bloc Party, The None n’est cependant pas un groupe de premiers communiants. Les quatre membres ont déjà de multiples projets à leur actif et une solide expérience mais avec The None, ils se sont bien trouvés et l’osmose est parfaite. Un mélange de rock-noise dur, rocailleux, intransigeant multipliant les accroches qu’on pourrait qualifier de mélodiques faute de mieux parce que c’est avec du fil barbelé que The None vous harponne mais l’effet est garanti et surtout, The None le fait à sa sauce.
La face A consacrée aux quatre titres de Matter est d’ailleurs particulièrement dingue avec que du morceau qui compte, alliant frénésie punk, guitare claire qui coupe, urgence, bastonnade, éclaircies fulgurantes, explosions amenées sur un plateau et ce chant qui emballe tout dans une variété de tons et une assurance envoûtante. Impossible de résister à des morceaux comme Pigs Need Feeding ou Railing.
La face B avec les quatre titres de Care n’est bien sûr pas en reste. The None possède l’art de l’écriture, l’agencement sans faille associant efficacité et inventivité, structures de plus en plus élaborées, les cassures pour mieux rebondir (ou pas d’ailleurs), les trouvailles d’un guitariste (Jim Beck) aussi divinement inspiré que quand il joue pour Cassels, la basse volumineuse de Gordon Moakes qui fait des ravages à l’instar de My People, Kai Whyte qui multiplie les envolées vocales et une maîtrise rarement entendues dans le milieu (Assembly) et les cris de fureur qui viennent de loin et le batteur Chris Francombe aussi à l’aise pour taper comme un sourd que pour apporter bien des subtilités dans le schéma rythmique. Huit titres où l’addiction est aussi rapide que illimitée pour un groupe affichant de sacrées promesses. A la fin de la chronique de leur premier single sorti en juin, il était dit que l’album, le vrai, était attendu de pied ferme. C’est plus que jamais le cas.

SKX (17/11/2025)