nowhere
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Nowhere
New Pain – LP
The Ghost Is Clear records 2024

Treize morceaux en treize minutes. Nowhere ne va pas nulle part à un rythme effréné, il maximise chaque seconde afin que l’atomisation soit la plus efficace possible, il frappe droit dans la tronche tel un frelon asiatique. Avec Thor Dickey, un ancien Retox chez qui il tenait la basse avant d’opter pour le chant et la guitare chez Nowhere, il ne faut pas s’étonner de cette nouvelle douleur infligée dans des temps records. Avec également la bassiste Cam Stout (No Thanks) et le batteur Gabe Bierman, le trio d’Omaha publie New Pain, un premier album défilant en 45 tours sur une seule face avec des illustrations de Evan Patterson (Young Widows, Jaye Jayle) pour compléter le tableau qui ne fait pas dans la badinerie. La vitesse n’est pour autant pas démesurée. C’est plus affaire de précision, de violence, d’un son épais et bouillonnant élaboré par Dickey lui-même donnant un gros vernis noise loin d’être négligeable et à travers lequel le chant tente de se frayer un chemin, hurle son désarroi, comme étouffé dans le couloir de la mort. Nowhere place également des effets retors, des grincements, des stridences, des déviances pour éviter l’écueil d’un matraquage systématique, une rythmique qui pose des pièges, varie les angles d’attaque et pèse son poids, des convulsions entre deux accélérations, des freinages pour mieux repartir de l’avant dans un grand dérapage en forme de larsen. L’urgence n’en est que plus belle, l’intensité plus prenante, la puissance sale et éclatante. Que treize petites minutes mais c’est la taille idéale, c’est du costaud rusé sur les bords, du concret, de quoi supporter sans problème et avec un plaisir maniaque ce déferlement de douleur cathartique.

SKX (19/03/2025)