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Nape Neck
The Shallowest End – LP
Red Wig/OCCII/Dot Dash Sounds records 2025


Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir le premier véritable album de Nape Neck sous le feu des projecteurs. Six mois après la compilation de leurs premiers enregistrements, le trio de Leeds publie The Shallowest End, manifeste bouillonnant et jubilatoire. Le lignage Big Flame/The Ex/Badgewearer est respectée. La touche post-punk historique/no-wave est d’actualité. Une fois constaté, Nape Neck n’a plus qu’à tout dynamiter et reconstruire selon son propre mode d’emploi.
Et le premier paramètre du lexique de Nape Neck à prendre en compte, c’est la multiplicité des chants. Une donnée primordiale qui les différencie. Tout le monde chante chez Nape Neck. Et pas qu’un peu. Kathy Gray (batterie), Claire Adams (basse) et Bobby Glew (guitare) chantent en canon, dialoguent, se répondent, croisent les voix. Et quand un(e) seul(e) d’entre les trois se retrouve à chanter en solitaire, ça ne dure jamais longtemps. Une dynamique incroyable, un souffle de vie communicatif parfaitement huilé dans les rouages d’une mécanique punk acide et mordante.
Une impression de chaos, de structures éclatées alors que c’est extrêmement précis, millimétré, incisif. Une tournerie anguleuse qui fait aussi bien danser que convulser. Des fragments tranchants et cassants qui volent dans tous les sens et se retrouvent imbriquer en un claquement de doigt. Une batterie au feeling et aux combinaisons uniques comme peut l’être Katrin The Ex créant avec la basse des rythmes aux rebonds dingues et surprenants, un groove aussi lapidaire que terriblement entraînant. La guitare n’est pas avare d’accroches dans la tourmente, un son et un jeu plein d’aspérités et de malice. Rafales de mitraillette sur Uh Oh, ligne de basse enchanteresse sur le titre éponyme, transe qui se met en place dans les répétitions, les rythmes qui tournent et tournent encore, les structures qui virevoltent, donnent le vertige, font perdre le sens de l’orientation. Les mini mélodies répandent le sourire. Et l’intensité partout, l’urgence saine et exaltante de l’introductif The Floor Of The Forest à l’ultime Wide Awake sur fond de texte parlé par Mark Bray, menacé de mort récemment par l’extrême droite américaine après avoir écrit un livre sur l’histoire de l’antifascisme depuis la seconde guerre mondiale et obligé de se réfugier avec sa famille en Espagne. Parce que chez Nape Neck ,la musique est aussi importante que l’engagement politique. Raison supplémentaire pour adorer ce disque revigorant de la part d'un groupe confirmant haut la main tout son talent.

SKX (24/12/2025)