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Mütterlein
Amidst The Flames, May Our Organs Resound – LP
Debemur Morti records 2025

Au milieu des flammes brûlent les sorcières. Mais les cendres ne meurent pas. Elles se dispersent, nourrissent les sols et les futurs combats. Amidst The Flames, May Our Organs Resound, troisième album. Une ode à tous ceux qui souffrent en silence, en particulier les femmes dont les corps ont été instrumentalisés et sacrifiés. Mütterlein, projet personnel de Marion Leclercq, invoquent les fantômes et les tragédies du passé parce que l’histoire ne change pas et que le présent bégaye.
Un disque une nouvelle fois funèbre, poignant, intimidant, farouche et magnétique. Avec son orgue en forme d’autel renvoyant au graphisme de l’insert du premier album et dans le sillage de Bring Down The Flags, Amidst The Flames, May Our Organs Resound continue de malaxer les couches sonores sombres et menaçantes, associe l’organique et le synthétique, la froideur industrielle et le sacré en appuyant encore plus les rythmes dévalant souvent comme un train de marchandise sur les rails du tragique. Un mur de noirceur électronique, des percussions synthétiques qui sonnent comme des vraies, une pulsation darkwave ou habillé d’un rythme techno minimaliste, des riffs qui déferlent comme une pluie battante, des passages ambient claustrophobiques et des moments de grâce dans toute cette noirceur, des raies de lumière à travers l’odeur de deuil pour rendre ce cauchemar plus touchant.
Parce que c’est ce qui est toujours sidérant et étonnant avec Mütterlein, le paradoxe entre une musique funeste et ce qu’elle peut dégager de puissance émotionnelle qui la rend belle et acceptable, des moments qui pourraient servir de bande-son pour un film d’horreur et d’autres qui embrasent, créant des clairs-obscurs saisissants, une musique hantée par des spectres, une musique où on est à la fois terrifié et fasciné.
Et avec ce chant écorché et habité, comme une incantation chamanique sauvage, plus d’une compo font raisonner le bide et vibrer le reste des organes. Concrete Black, Wounded Grace qui se transforme sur un rythme de valse au mécanisme estropié, la violence de Division Of Pain se terminant en une longue complainte déclinante et déchirante, Ivory Claws avec son beat technoïde mutant sur près de neuf minutes aussi flippantes que froidement envoûtantes, martelantes, trépidantes montrant une palette sonore qui s’enrichit et se diversifie. Une musique qui rend palpable les esprits qui habitent l'album. Mütterlein, c’est un peu plus que de la musique.

SKX (06/10/2025)