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Membrane
Deathly Silence – LP
Day Off/Pogo/Araki/Blind Prod/Ma Saret records 2025

Ça fait vingt ans tout juste que Membrane a sorti son premier album, Utility Of Useless Things. Beaucoup d’eau, de courants porteurs et de vents contraires ont défilé dans la vie du groupe de Vesoul. Membrane est solide et résiste à tout. Même au deuil qui les a frappés à la sortie de Beyond Your Beliefs trois ans plus tôt avec Mathieu Roszak qui ne fera plus jamais entendre sa guitare. Hugo Perestrelo prend la suite et Membrane publie son septième album avec son titre qui ne va pas réchauffer l’atmosphère, Deathly Silence.
Un groupe qui a fait lentement mais sûrement évoluer sa musique, l’a fait doucement décoller de territoires purement noise-rock qui devaient pas mal à Unsane vers des compos plus longues, plus post-hardcore, plus ralenties, plus mélodiques, permettant ainsi à des émotions plus variées d’infiltrer le bloc monolithique que constituait jusque là Membrane.
Avec Deathly Silence, Membrane s’ouvre à la langue française. Je ne l’avais pas vu venir. Une ouverture partielle. Les titres sont en anglais qui reste une langue présente sur chacun des six morceaux (dont deux sont encore entièrement en anglais) mais quatre d’entre eux comportent des paroles en français et ça ne passe pas inaperçu. Une option osée pas forcément payante. Le rendu dans la langue natale a du mal à passer dans ce type de musique. Les mots qu’on comprend trop bien, la façon de les délivrer, les intonations ne sont pas toujours des plus heureux.
Le seul bémol d’un album qui remplit sinon toutes les cases que Membrane a su parfaitement échafauder depuis ses débuts. Deathly Silence nous plonge dans une tourmente très sombre, la rage et le désespoir au bord des lèvres luttant à parts égales pour ne pas s’écrouler, trouver le point d’équilibre où la tension est à son comble sans que ça éclate de partout. Six compositions étendues qui rongent leur frein mais retrouvant du mordant par rapport à Beyond Your Beliefs comme sur le dernier titre, Earth qui tremble de toutes parts. Le mid-tempo n’hésite pas à passer en mode tribal, assène sèchement les coups avec la batterie de Maxime Weingand (Fire And Fear). Les arpèges aiguisés tailladent les veines tout en éclairant la noirceur. Les tirades des deux guitares exacerbent la pression. Les contrastes s’amplifient entre les coups de butoir et les moments en suspension, entre la densité qui pèse de tout son poids et les mélodies ne se cachant pas, entre frustration et fragilité à l’instar de Raise avec notamment les backing vocals aérien du bassiste Nicolas Cagnoni contrebalançant le chant rugueux de l’autre guitariste Nicolas Frère. Ou sur Too Late piétinant crescendo le terrain de la massiveté pour subitement se muer en une chanson où le section rythmique disparaît et laisse la place à une mélodie guitare/piano et un chant déchirant. Les structures sont évolutives, les breaks sont piégeux, ça s’emballe et ça s’embrase magnifiquement sur le titre éponyme ou sur Soft Whispers. Deathly Silence maintient le cap. Membrane indestructible.

SKX (02/03/2025)