lvmen
dayafter


Lvmen
Amen – LP
Day After records 2025

Indestructible Lvmen. Et pourtant, le sort s’acharne sur le groupe tchèque. Chaque nouvel album annonce son lot de mauvaises nouvelles. Après Dáda en 2011, cette fois-ci, c’est le guitariste Mirda qui est décédé en 2017, juste à la sortie de Mitgefangen Mitgehangen. C’était le principal pourvoyeur des idées de base des morceaux de Lvmen et elles sont présentes sur une partie des compos de Amen issues des enregistrements cassettes faits chez lui et légués par sa famille à Lvmen. Une disparition soudaine surmontée par l’arrivée du nouveau guitariste Honza Tomáš qui a pris le relais pour l’écriture. Par contre, Petr Proft (dit Hursa), est revenu dans le groupe après avoir séché le précédent album et en tant que seul membre historique (aux synthés) de Lvmen c’est lui qui a toujours le dernier mot, le garant du style Lvmen. Et ça fait près de trente ans que ça dure. Avec des pauses plus ou moins longues entre deux albums.
Pour ce cinquième album (plus un fantastique EP pour débuter dans la vie), le quintet à double batterie s’est éclipsé pendant huit années. Et il revient de façon encore plus virulente après un précédent album qui l’avait déjà vu signer un retour mordant après neuf autres années de silence. Quatre compos mais elles s’étirent (comme d’habitude) sur la durée et se contentent (comme d’habitude) de chiffres romains pour le baptême. Et pour tout le reste, si la marque de fabrique et le son Lvmen restent d’actualité, ce n’est pas comme d’habitude parce qu’on s’en lasse pas et que c’est encore mieux que d’habitude.
Ample et puissante, la musique de Lvmen cultive le paradoxe de pouvoir être massive et aérienne, épique et brutale, s’étendre en de multiples ramifications et aller droit dans ta face, mélodique, poignante et sans fard. Et avec Amen, Lvmen se surpasse dans le dosage en ajoutant une bonne ration d’agressivité, une frénésie accrue, des éruptions qui sont tellement nombreuses qu’elles paraissent en continue, des riffs tranchants, incendiaires et costauds, des chants expulsant toute leur frustration et où le poids et le nombre des bras actionnant les deux des batteries se font sentir sans problème à l’instar de l’ultime titre XXIX où le déchaînement rythmique est total. Plus Lvmen vieillit, plus Lvmen a les crocs. Alors on crie aux loups avec eux, les mollets de Neurosis sont aux abois. Lvmen évolue dans son monde, sa sphère sombre et agitée par ses propres démons. Dans sa plus pure tradition, Lvmen se pare de samples pour la plupart tirés (comme d’habitude) des films de leur réalisateur tchèque fétiche František Vlácil, fait étalage de ses plus beaux arpèges, aménage des trêves plus atmosphériques mais c’est bien dans la cour du hardcore/post-metal où l’émotion suinte à chaque minute que Lvmen évolue avec un surplus de rage, de fracas et de profondeur qui n’est pas synonyme d’un retour aux sources mais la nouvelle carte maîtresse la plus éloquente d’une discographie qui continue d’aller de l’avant.

SKX (15/10/2025)