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Lower Slaughter
Deep Living – LP
Human Worth records 2025

Deep Living, troisième album de Lower Slaughter après six ans de calme et dont un single l’année dernière déjà chez Human Worth avait annoncé le retour. Un long silence pendant lequel le groupe de Brighton en a profité pour revoir sa copie. Premier gros changement, le départ de la chanteuse Sinead Young. C’est le bassiste Barney Wakefield qui reprend le poste et James Gardiner qui du coup est recruté pour jouer de la basse.
Et musicalement, Lower Slaughter a considérablement élargi son champ d’action. Après deux premiers albums naviguant sous une bannière stoner-heavy-hard-rock très peu attirante (à ce niveau là, c’est du pléonasme), Lower Slaughter explose le cadre. On va pas s’avancer à dire que le groupe anglais tire dans tous les sens parce que la base reste une musique amplifiée lourde et d’obédience noise mais elle possède suffisamment de ramifications et de polyvalences pour faire valser les étiquettes pour notre plus grand bonheur. Un morceau comme Goes Fast pourrait passer pour un titre de Martha’s Vineyard Ferries et tout un tas de groupes indie 90’s, ce qui est le cas également de Motion (qui était la face B du précédent single avec un inédit en face A), compos vivifiantes et mélodiquement irrésistibles. Hospital Chips est quant à lui un morceau noise-rock dont l’assise rythmique, voir le riff lorgnent vers Jesus Lizard avec un refrain qui ne cache pas ses velléités fédératrices alors que The Bridge participe aussi à ce sentiment que Lower Slaughter a considérablement resserré l’écriture et sait envoyer des morceaux brefs, pénétrants, directs et se faire plus léger avec des mélodies qui ne leur font plus peur.
Le groupe ne renie pas pour autant ses racines stoner mais ça devient bien plus fréquentable, Lower Slaughter y insufflant bien plus de lourdeur, d’imprévisibilité et d’intensité à l’instar du monumental titre d’ouverture Year Of The Ox tout en martèlement ensorcelant suivi d’un Take A Seat qui écrase tout sur son final après un début magnifiquement alerte et entraînant. Et quand Lower Slaughter ralentit encore plus la cadence tout en rallongeant le tir sur Memories Of Road et le titre de fin Deep Living, Lower Slaughter garde une approche raisonnablement variée pour ne pas enfermer ces longues compos dans des impasses stylistiques, l’enregistrement de Wayne Adams faisant le reste pour un surplus de puissance et densité magnifiant l’ensemble. Et puis au beau milieu traîne The Shape Of The Fire, superbe morceau uniquement guitares-chant, c’est à se liquéfier et l’ultime symbole d’un groupe qui vient d’opérer une mue remarquable. Nouveau départ dans la vie pour Lower Slaughter qui a considérablement élevé son niveau à tous points de vue.

SKX (30/07/2025)