lifeguard
matador


Lifeguard
Ripped And Torn – LP
Matador records 2025

Tout va très vite pour les gamins de Lifeguard. Avant de souffler ses vingt bougies, le trio de Chicago a déjà sorti des cassettes, deux singles, un album regroupant des précédents EPs et maintenant, Ripped And Torn, un véritable premier album en forme de bulletin de fin d’année parfait, celui qui valide tous les acquis pour obtenir une certification d’entrée dans le monde sauvage du rock par la grande porte.
Mais on va arrêter désormais de faire référence à leur âge à chaque fois parce que le talent n’attend pas les années. Ces gars là sont tombés dans la marmite tout petit, celle qui fait que tout semble facile et évident pour eux. Ripped And Torn offre encore plus de place à la mélodie dans leur mécanique alliant esthétisme punk, garage-rock et indie-rock dont Randy Randall (No Age) a su conserver toute l’aspérité et l’innocence. Et c’est ce qui ressort tout de suite de cet album, cet aspect rafraîchissant et spontané, cet effet immédiat que procurent des morceaux rapidement addictifs dont l’impact n’est pas prêt de s’estomper.
En plus, Lifeguard n’est pas du genre à se cacher derrière un mur de bruit et un beau bordel dont le trio pourrait légitimement user et abuser parce que c’est de leur âge. Lifeguard a aiguisé avec finesse et un magnifique sens de la dissonance à l’aide de la guitare de Kai Slater (qui s’occupe aussi du chant avec le bassiste Asher Case) des punk songs acides, vibrantes, attachantes, mélodiquement piquantes et remarquables comme l’ouverture A Tightwire et It Will Get Worse qui s’enchaînent tellement bien que j’ai longtemps cru que c’était la même compo. Lifeguard aime aussi triturer les sons, s’adonner à plus d’expérimentations en incluant des bouts de morceaux ne tombant pas de nulle part pour faire du vil remplissage et formant ainsi un parfait liant dans des constructions aussi accidentées que percutantes. Lifeguard mêle l’intensité de courts projectiles balancés avec ferveur ((I Wanna) Break Out), un certain spleen et de la retenue digne des meilleurs groupes de Flying Nun records ou les échos anciens de groupes anglais des 80’s (Like You’ll Lose et T.L.A.) et des attaques irrésistibles et entêtantes (How To Say Deisar).
Rien à jeter sur Ripped And Torn qui était le nom d’un célèbre zine punk écossais entre 76 et 79 pour un groupe qui a su idéalement digérer toutes ses influences variées et/ou d’une époque lointaine pour créer sa propre alchimie se révélant fortement séduisante. Lifeguard, parfaitement lancé dans la vie.

SKX (23/09/2025)