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Knowso
Hypnotic Smack – LP
Sorry State records 2025

Hypnotic Smack est le quatrième album de Knowso en cinq ans. On ne va pas prétendre d’être encore surpris. On sait où on met les pieds avec le duo de Cleveland. Et c’est toujours un plaisir. Hypnotic Smack, encore une belle et aiguisée mécanique punk qui a le rythme trépidant et la guitare ou la basse agitées tout en privilégiant un certain minimalisme, s’éloignant des standards egg punk auxquels on veut les associer trop facilement, une nouvelle étiquette aussi stupide et absurde que son appellation, Knowso se révélant bien plus tendu, sombre, voir arty sans l’esthétisme garage qui va souvent de paire avec l’egg punk et de Devo qui a inspiré tout ce bazar à l’origine. Et si d’ailleurs le duo se réclame comme les enfants spirituels de Devo, Knowso a largement su jouer sa propre partition.
Hypnotic Smack est donc une nouvelle très bonne livraison de Knowso. Son principal problème est qu’il arrive en quatrième position dans la discographie du groupe. Ça lui donne un air de déjà entendu. Malheur. Et comme la nature humaine se lasse très vite, encore plus dans cette époque où la musique coule avec abondance au bout du clic ou d’un simple scroll sans qu’on ait à se forcer pour la trouver, inutile de perdre son temps à se taper une musique dont on connaît toutes les ficelles, une écoute rapide et définitive suffira à détourner de cet album tous les blasés de service. Hypnotic Smack aurait été le premier album de Knowso, tout le monde le trouvait génial, frais, singulier.
Et intrinsèquement, c’est ce qu’il est ce quatrième album. Pas meilleur ou moins bon, juste (et c’est énorme) un autre album de Knowso délivrant des punks songs qui font mouche, alertes, caustiques, envoûtantes, incisives, aux mélodies encore plus pertinentes. Et comme il est toujours possible de trouver des nuances/différences/évolutions avec les albums précédents pour ceux qui veulent s’en donner la peine, l’utilisation accrue des synthés (par un troisième larron, John Elliott) donne un air plus futuriste, bidouillé, tordu à certaines compos, les enrichissent subtilement. Knowso se fend même d’un titre à rallonge pour la première fois avec Club Music Is The Soundtrack, plus de cinq minutes narrant une splendide épopée paranoïaque et sous acide répétitive jusqu’à l’aliénation.
Pour tout le reste, Nathan Ward (qui a également publié deux autres albums cette année avec Cruelster et Perverts Again) et Jayson Gerycz (batterie, enregistrement, mixage) signent une ribambelle de titres fortement addictifs avec des riffs piquants et inspirés, un chant parlé/intense qui se dédouble pour augmenter l’impression de panique, un rythme bien moins robotique qu’il n’y paraît comme sur Perfect For Bleach ou pour danser comme des zombies en passe d’être bouffés par l’intelligence artificielle, des titres qui sentent la colère, un fort retentissement contrôlé par le second degré afin de ne pas imploser, une nouvelle bande-son speedée, acerbe et frénétique de notre déchéance. Pas surpris mais toujours très séduit.

SKX (01/11/2025)