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Kal Marks
Wasteland Baby – LP
Exploding In Sound records 2024

Sixième album de Kal Marks qui ne cesse de grandir, s’étoffer, s’ouvrir vers des ambiances plus vastes et des horizons plus grands. Le groupe se partageant entre Boston et Brooklyn a toujours évolué dans un registre, comment dire, de rock indé dissonant assez large. Si Wasteland Baby peut continuer à prétendre s’inscrire dans cette mouvance bâtarde, Kal Marks précise son propos tout en l’enrichissant, peaufine les angles, diversifie les approches, se fait moins brut et plus sophistiqué, plus intime tout en conservant son aspérité intense, noise et surtout, ses qualités mélodiques.
Ce travail était déjà en cours lors de My Name Is Hell. Carl Shane (chant, guitare)et Christina Puerto (guitare, chant) qui forment un couple à la ville, John Russel (basse) ainsi que Adam Berkowitz (Ex-Breathers) en tant que nouveau batteur franchissent un cap avec Wasteland Baby. Kal Marks n’hésite pas à se montrer plus posé et introspectif ou se porter sur des territoires plus pop et groovy mais aussi plus sombres et profonds comme sur un You Are Found évoquant Black Heart Procession, approfondit les arrangements, soigne les détails et illuminent de beaux pétards. Parce que Kal Marks ne s’est pas débarrassé de ses oripeaux noise-rock, ce qui en fait un mélange savoureux de compos nerveuses et lumineuses, tendues et raffinées (mais pas trop non plus). Kal Marks reste dans le domaine du rock, aime les rythmiques qui tapent fort, les guitares qui font du bruit, les structures heurtées et les saveurs pimentées. Alors même si Wasteland Baby diffuse des effluves plus enjouées, entraînantes ou douces, c’est toujours entouré d’un halo assombri, angoissant ou dur pour que ça passe crème. A l’instar d’un Protomartyr avec qui la comparaison (ou du moins avec la famille musicale et son esprit) est permise, une certaine noirceur, des doutes, une complexité d’humeurs empêchent que Wasteland Baby tourne trop facilement et rapidement à l’enchaînement de titres imparables vu que Kal Marks reste un orfèvre en matière de song-writing très accrocheur aux mélodies imparables et de morceaux intelligemment élaborés et amenés sur un plateau. Plateau duquel Any Way It Goes, Insects ou Motherfuckers ne sont pas prêts de descendre. On aurait pu en citer d’autres. Entre noise-rock intense, post-punk radieux, indie-rock complexe, pop sombre, entre subtilité et âpreté, c’est la lutte des classes selon Kal Marks et elle a tout l’avenir à ses pieds.

SKX (28/01/2025)