irk
nefarious


Irk
The Seeing House – LP
Nefarious Industries records 2025

Irk avait disparu de la circulation depuis 2018 et son premier album Recipes From The Bible qui avait foudroyé sur place plus d’un mécréant. Sept ans plus tard, le trio de Leeds remet le nez à la fenêtre avec The Seeing House. Il était temps. Les déflagrations alambiquées du trio anglais avait grandement manqué. Toujours en mode batterie-basse-chant, Irk continue d’asséner un groove aussi âpre qu’enflammé avec une verve encore plus pointue, cassante et brutale. Les schémas rythmiques peuvent donner l’impression d’être tordus, les structures des morceaux pas franchement académiques mais ce qui ressort au final, c’est que Irk est une machine intraitable qui casse les reins et t’entraîne dans une cavalcade accidentée certes mais pleine de mordant, qui rentre dans le lard plus d’une fois et donne (presque) envie d’entamer des mouvements dansables le reste du temps. Le sens de l’expérimentation au service d’un noise-rock percutant ne perdant pas le nord.
La basse de Ed Snell est au centre des débats avec un son qui défrise les poutres métalliques les plus solides, l’apogée de ce son incroyable figurant certainement sur l’ultime titre Wedding, Berlin. Avec la batterie de Matthew Deamer, la paire réussit le tour de force d’être implacablement carrée et tout en torsion, punk qui envoie de la bûchette sans coup férir, répétitive, presque mélodique et posée comme sur Eating All Of The Apple, de tailler des volumes surprenants et des angles aux rebonds incertains, de s’amuser continuellement avec la tension, exploser quand on ne l’attend plus mais dans tous les cas, un basse-batterie inventif et très joueur. Et il ne faudrait pas oublier dans cette redoutable équation le chant de J.S. Gordon. Un instrument à part entière qui vient compléter le tableau. Un souffle tout aussi tordu, un débit en électron libre, une voix éraillée crachant son venin, le genre de mec un peu bizarre, instable, la touche de dinguerie incontrôlable qu’il fallait à la rudesse de Irk.
Le groupe a en plus ouvert les portes de sa triangulaire histoire d'enrichir sa narration en accueillant Jack Evans, guitariste de Mums ce qui fait de My Life In Bins le premier morceau de Irk avec une guitare tout en feedback. Sur les sept minutes de Lifetime Achievement Award, c’est le violoncelle de Jenn Chubb (la compagne de Matthew Deamer) qui vient pimenter la fin de ce long périple rocailleux alors que Stewart Ramsay, Kerry Ramsay et à nouveau Jenn Chubb viennent donner de la voix sur The Great Wasp Of Reluctance et Wedding, Berlin. The Seeing House, disque encore plus pensé et abouti, une douce folie sortant des sentiers battus dont on espère juste ne pas encore attendre sept années pour écouter la suite.

SKX t10/12/2025)