holyscum
rocket


Holy Scum
All We Have Is Never – LP
Rocket records 2025

Holy Scum se répand pour la seconde fois dans nos cerveaux malades avec All We Have Is Never. Et il est permis de trembler pour notre santé mentale tant la précédente livraison Strange Desires avait creusé des cavités oppressantes et l’impression d’être enterré vivant.
Trois ans plus tard, le groupe de Manchester a changé sa façon de procéder. La section rythmique Jon Perry et Chris Haslam (tous les deux dans Gnod) et le guitariste Pete Taylor (Action Beat) ont commencé par recruter un deuxième guitariste, Alex Wilson (Ghold et Shuck avec déjà Jon Perry). Et surtout, Mike Mare, moitié de Dälek, n’est plus cette entité lointaine aux USA chargée de retravailler à distance les bandes envoyées par ses cousins anglais et fruit de longues heures d’improvisations. Il a fait le voyage jusqu’à l’île de Lewis dans l’archipel des Hébrides, tout au nord de l’Écosse, pour honorer de sa présence un studio qui a vu naître un véritable groupe à part entière.
Cette écriture à cinq dans une seule et même pièce donne un résultat tout de suite plus organique, spontané et incisif. Sans se départir de ce voile sourd et ténébreux chargé en scories lourdement menaçantes, il est désormais possible de respirer sur All We Have Is Never, de cerner les contours de cette masse sonore magmatique pour que chaque morceau soit révélé sous ses atours les plus avantageux, ne pas sombrer dans la paranoïa et profiter pleinement de toutes les accroches se découvrant à la fine lumière se frayant un passage dans la tourmente.
Holy Scum enchaîne les titres brûlants qui font crisser les guitares dans de grandes gerbes bouillonnantes comme sur These Hills, Thieves ou Witches avec son gimmick très prenant ou I’m The Land presque entraînant et l’haletant Trying In Hell. Les rythmes martelés proposent un socle inébranlable. Les ondes hachurées et saturées prennent une allure plus consistante. Tout est plus direct, percutant et concret mais pas moins inquiétant à l’instar du long final vénéneux Like December (c’est le cas aussi des six minutes de Liars) qui viennent nous taper sur l’épaule pour nous rappeler que l’intransigeance est toujours de leur monde, que ce groupe est viscéralement attaché au bruit qui fait mal, à une forme de désespoir rageur où tout semble perdu d’avance mais ça ne se fera pas sans ravager quelques tronches auparavant qui l’auront bien cherché.
Holy Scum avance uni et frontalement, a pris le temps de sculpter plus en finesse son gros bloc sombre, grouillant et granuleux pour faire de All We Have Is Never un tableau saisissant.

SKX (08/09/2025)