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Gloin
All Of Your Anger Is Actually Shame (And I Bet That Makes You Angry) – LP
Mothland records 2025


We Found This marquait les débuts d’un groupe engageant. Cette fois-ci, on l’a bien trouvé avec All Of Your Anger Is Actually Shame (And I Bet That Makes You Angry), second album des canadiens de Gloin qui peut voir loin. Le quatuor de Toronto reprend les éléments qui ont fait le ciment qui avait bien accroché l’intérêt pour les rendre encore plus percutants et efficaces, à commencer par le son gagnant en perforation. Il fallait bien ça pour que la rythmique prenne possession de votre corps. Gloin a décidé d’agiter les pistes de danse, de rendre ses morceaux diablement entraînants et c’est de manière totalement irrésistible de Gloin ouvre les hostilités avec 20 Bucks, le tubusque Bucket Of Blood vampirisé par un lead de guitare hypnotisant que j’aurais bien entendu dans la bande-son d’un western d’Ennio Morricone et Controlfreak69 (repris à la fin de l’album en version française ou plutôt canadienne tant la traduction sonne un peu bizarre).
Mais il est question de colère également. Le titre de l’album est suffisamment clair là-dessus. Alors dansez maintenant mais le regard reste noir. Un mélange très convaincant entre un caractère aguicheur et une sombre intensité, entre la basse de Victoria Byers, la batterie de Simon Kou agissant sur les membres inférieurs, les gimmicks synthétiques de Richard Garnham et le chant rageur, la hargne (plus ou moins) froide, l’agressivité à peine larvée. Surtout que dès The Treatment, il n’est plus question de mettre le feu au dance-floor. La colère ne se cache plus. Byers et le guitariste John Watson malmènent les micros. L’assaut sonore monte d’un bon cran et Gloin passe dans une dimension noise/post-punk tendu et abrasif tout aussi convaincante. À partir de là, Gloin se fait moins ouvertement entraînant. La colère bouillonne. La nervosité augmente. La basse se fait lourde sur le lancinant Swamp. Les motifs de la guitare tente d’éclairer l’humeur tempétueuse comme sur A Body In The Outdoors et d’apporter un brin de mélodie. Et si Sent From My iPhone tente de faire diversion en allégeant l’atmosphère, Gloin reprend vite fait le fil de sa colère, martèle les fûts, scande, fait crisser les guitares avec Salamander et Big Boss, ultime bouquet final déterminé d’un disque qui joue sur une séduction à double-tranchant, des apparences trompeuses pour mieux exprimer sa frustration. Jamais colère n’a été aussi cool à écouter.

SKX (04/10/2025)