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Deaf Club
We Demand A Permanent State Of Happiness – LP
Southern Lord/Three One G records 2025

Remettez vos bouchons d’oreille, Deaf Club revient. Ce qui n’empêchera pas vos tympans de siffler à l’écoute de We Demand A Permanent State Of Happiness, second album de la troupe de Justin Pearson. Le bonheur est à ce prix.
Deaf Club est pourtant passé de cinq à quatre avec Tommy Meehan (Squid Pisser) qui a jeté l’éponge pour se consacrer à d’autres projets mais le niveau de nuisances sonores reste élevé dans le ciel de vos tourments. Et encore plus long. Le plaisir n’a pas de prix.
Et qui dit plus long, dit encore plus de rafales, de spasmes, de violence, de cris psychotiques d’un Pearson ne se calmant pas avec l’âge. Et l’ajout général de bonnes poignées de secondes à chaque compo n’altère en rien l’impact de Deaf Club. Il est même décuplé. Les tentatives de mélodies (ou ce qui s’y rapporte, faut pas déconner non plus) ne sont plus tuées dans l’œuf. Les gimmicks prennent de l’ampleur et de la force. Les riffs se répètent plus de trois mesures, reviennent à la charge, dégoupillent tout leur venin. Les idées ont le temps de se répandre avant d’être saccagées. Chaque morceau gagne en consistance sans perdre une once de tornade, ce vent incessant que Deaf Club fait souffler entre les deux oreilles. Parce que ça reste quand même une affaire bien cinglée tout ça.
Mais Deaf Club y met de plus en plus les formes. Affiche une maîtrise de gars qui sont dans le métier et la débauche punk/powerviolence/spazzcore depuis longtemps. Montre qu’ils sont capables de construire des morceaux qui ne sont pas que longues saccades expéditives et allumées mais qu’un début et un fin sont possibles avec au milieu des développements qui tiennent la route. Deaf Club va donc voir au-delà des trois minutes si la vie est plus belle (Nihilism For Dummies, End Of An Ear) et effectivement elle l’est, vigoureuse, entraînante, d’une cohérence nouvelle.
Et c’est le cas des neuf autres titres. Subtilement bardés d’effets électro se fondant dans la masse, multipliant les trouvailles rythmiques et les riffs saignants qui ont un goût parfois synthétique, enchaînant les acrobaties sans en rajouter dans la démonstration périlleuse, fonçant dans le lard en débitant de fines lamelles et appuyant sur les contrastes et de méchantes brisures, Deaf Club n’est pas qu’une sauvage machine de cinglés proclamée sur Productive Disruption, c’est également une unité de combat punk redoutable et particulièrement acérée qui a le don de vous mettre l’arme sur la tempe pour réclamer sa dose permanente de bonheur.

SKX (16/12/2025)