deadguy
relapse


Deadguy
Near-Death Travel Services – LP
Relapse records 2025

Near-Death Travel Services, c’était le cas de Deadguy qui avait emprunté ce couloir de la mort en 1997, date de la fin de vie de Deadguy. Mais il restait un soupçon de souffle qui a commencé à se repointer en 2021 avec un concert de reformation qui donnera l’album live Buyer’s Remorse en 2022. Mais là, c’est un vrai retour, pas du recyclage, un album avec que de l’inédit dedans.
Et donc l’impensable est arrivé (bien que par les temps qui courent, on ne va pas faire mine d’être surpris, n’est-ce pas Dazzling Killmen qui vient juste de se reformer, j’ai vingt ans à nouveau, tout va bien), Deadguy donne une suite à son premier album Fixation On A Coworker trente années pile plus tard. Album culte comme le groupe explosé en plein vol et en pleine tournée au début d’une gloire (toutes proportions gardées) annoncée. Au lieu de ça, un groupe qui a influencé toute une scène qu’on qualifie, au choix, de metalcore, noisecore ou hardcore chaotique, toute une ribambelle de groupes qui seront bien mieux que Deadguy tiré les marrons du feu, genre Converge, Dillinger Escape Plan ou Botch.
Mais Deadguy est revenu d’entre les morts pour montrer qui sont les patrons. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, Deadguy reprend exactement les choses où le quintet les avaient laissées en 1995. Comme si rien ne s’était passé entre les deux albums. Même le producteur (Steve Evetts) est identique. Le son est bien sûr plus actuel mais pour le reste, l’odeur de soufre et de baston n’admet aucune contestation. Ces vétérans ont la rage intacte. L’effet d’un démonte-pneu dans la gueule. Ça rend les jours minces et brutaux. Moins de chaos, plus d’uppercuts. Le chant de Tim Singer (non, ce n’est pas un pseudo) n’a pas bougé, ce qui est nullement étonnant si vous avez suivi ses récents projets (Process Black et Bitter Branches et occasionnellement ex-Kiss It Goodbye avec le guitariste Keith Huckins, soient les deux qui s'étaient faits la malle pendant la tournée désastreuse). Ce mec, c’est l’intensité personnifiée. Et personne dans Deadguy n’a perdu de son aura et de sa force. Les compos s’enchaînent en laissant une trace de sang sur le bitume. Les respirations sont menaçantes. Deadguy toujours prêt à bondir. Les coups de pattes monstrueux. L’urgence colle à la peau. L’ouragan à ta porte. Une science de la tension. L’ignorance de la clémence. L’imprudence de jeunes chiens fous dans des vieilles carcasses expérimentées. Deadguy a toujours vingt ans dans sa tête. Tout va bien. Vraiment bien. Near-Death Travel Services, digne, très digne successeur de Fixation On A Coworker. On croit rêvé.

SKX (31/07/2025)