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Corker
Hallways Of Grey – LP
Feel It records 2024

Dans la continuité de son premier album Falser Truths, Corker construit sur les stigmates plus ou moins larvés du passé post-punk de quoi embraser l’ère moderne sans peur et sans reproche. Enregistré dans la ferme familial de Cole Gilfilen, un des deux guitaristes du groupe, dans l’Indiana, le groupe de Cincinnati a pris son temps pour creuser son approche et faire de Hallways Of Grey, un second album encore plus révélateur d’une posture voulant s’affranchir des étiquettes encombrantes sans les renier pour autant.
Avec un nouveau et cinquième membre dédié entièrement aux synthés (Spencer Morgan), il n’est donc pas surprenant de constater que les sonorités de cet instrument augmentent leur présence dans le paysage sonore de Corker. De quoi brouiller encore plus la perception post-punk qui flirte avec délice avec la ligne garage-punk dont l’apothéose se nommerait Distant Dawn, tubuesque à souhait avec son gimmick de synthé qui glisse tout seul, la basse entêtante tout comme la batterie trépidante et les riffs des deux guitares qui écharpent autant qu’ils fondent dans la bouche. Et c’est bien là toute la force de Corker. Les deux guitares rivalisent de riffs fringuants et pénétrants, les mélodies aiguisées et vives devenant rapidement obsédantes avec l’aide de la batterie galopante et propulsive de Alex Easterday. Qu’importe l’étiquette que vous leur collez sur le dos, la coloration que Corker donne à sa mixture et les angles d’approche car quand vous avez les idées claires et les compos qui tuent en plus d’une certaine fraîcheur et l’insouciance pour les porter, tout vole en éclats et ne reste plus qu’à écouter, danser et se laisser bercer, malmener par une ribambelle de titres juteux. Hallways Of Grey qui ouvre l’album du même nom, Night Ride, Vital Fall qui montre comme une poignée d’autres passages que Corker sait aussi se faire plus mesuré et sombre, l’emballant Nothing In None avec une basse encore une fois hyper entraînante et le jeu des deux guitares qui font une nouvelle fois des merveilles et le frénétique Sunken Submarine. Corker enchaîne sans temps mort tout en variant les effets dont Forever Silent avec l’invitée au chant Angie Willcutt est le meilleur exemple avec sa coloration plus expé, voir dub d’outre-tombe. Sans oublier No Necessities pour clore l’album et qui dénote dans le paysage avec sa boite à rythme. De l’aveu même de son géniteur Luke Corvette (chant, guitare), c’est à entendre comme un bonus track, un vieux morceau qu’il a écrit et n’a jamais trouvé sa place dans le répertoire de Corker. Mais le mal a déjà été fait auparavant. Hallways Of Grey ne fait pas les choses à moitié et rend totalement accro.

SKX (06/02/2025)