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Bind Torture Kill
Sauvagerie – LP
Dahlia Noir records 2024

J’ai toujours eu une affection particulière pour Bind Torture Kill. Ce n’est pas que j’aime spécialement souffrir et me prendre de grosses soufflantes bûcheronnées sur le coin de la tronche mais ce que fait le trio lyonnais avec simplement une batterie, une guitare et un chant, leur approche crue, sincère et farouche en mélangeant hardcore, blackened (death) metal, chaos, crust et autres extensions en core ont toujours eu le don de me détendre en plus de donner envie de couper du bois avec les ongles.
Six ans que le trio s’était fait discret, depuis que Viscères redonnait ses lettres de noblesse à l’art culinaire. Bind Torture Kill a pris du poids (je parle de sa musique, pas de ses membres), de l’épaisseur et a encore augmenté d’un cran la violence et la noirceur de son propos. Sauvagerie est son nom, qui est aussi celui d’un court roman de J.G. Ballard, une histoire d’assassinats de parents et d’enlèvements des enfants dans un milieu aisé et ultra-sécurisé. Les têtes vont tomber. Une histoire de gravité et de densité, la guitare gagnant en volume, en texture mais c’est toujours fait sans esbroufe, sans effet de manches sauf le désir de vous l’enfoncer (le manche) dans la boite crânienne.
BTK (c’était le surnom que s’était donné le psychopathe américain Dennis Rader) éructe, crache, fulmine des paroles en français incompréhensibles à l’oral (elles figurent sur l’insert) mais la simple lecture des titres suffit (Déchiqueté, Cadavres, Fétide ou Lapidée) à plomber le moral pour la journée. Un chant qui arrive à se diversifier pour apporter les nuances nécessaires au visage de la douleur, ne pas être qu’un méchant grognement velu pour donner du crédit à la colère. Parce que BTK semble ne pas faire dans la dentelle, déverser sa haine d’un bloc monolithique à fond la caisse. Mais les failles se font jour, les riffs de boucher avec une puissance et une lourdeur accrues décrochent des accords plus malléables et déchirants, la batterie et ses rafales ne font pas que s’abattre comme la foudre, elle décoche des coups plus lents et vicieux, provoque cassure et désordre. C’est à l’image de cette mixture des styles trouvant son apothéose sur les deux derniers morceaux, les deux plus longs, Brûlé Vif et encore plus Cul-de-jatte. BTK y jette tout son feu, ses doutes et sa fureur avec ses différentes approches, en toute sobriété, sans larme et sans grandiloquence. Primaire aux reflets contrastés, juste ce qu’il faut de bestialité, honnête dans son désespoir, pour une belle tranche de gras qui fonce dans le tas avec les crocs en avant. Sauvagerie, ya pas tromperie sur la marchandise.

SKX (25/01/2025)