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controlledburn
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The
Austerity Program
Bible Songs 2 LP
Controlled Burn records 2025
Fidèle à leur empressement légendaire pour passer
à laction et enregistrer de nouveaux morceaux, il aura fallu
six ans à The Austerity Program pour donner une suite à
Bible
Songs 1. On avait pourtant foutrement hâte mais le duo new-yorkais
nen a cure de notre idolâtrie de petits blanc-becs occidentaux
qui auraient dû se douter de toute façon parce quon
connaît ces drôles doiseaux qui nen font quà
leur tête, envers et contre tous, le coup de boule nétant
pas en option.
Bible Songs 2. This is the second of two records. Ça
veut dire quil ny aura pas de Bible Songs 3. Au cas
où taurais pas compris. Que la série est finie. A
jamais. Et que donc Bible Songs 2 fonctionne comme Bible Songs
1. En plus féroce. Comme si cétait (dieu) possible.
Avec des paroles/histoires inventées à partir de textes
de la bible, ceux qui te font comprendre quon est pas dans la merde
si on les applique à la lettre (mais ça, ça nexiste
pas dans la vraie vie hein ?). Voici, j'ai une fille vierge, et cet
homme a une concubine; je vous les amènerai dehors; vous les déshonorerez,
et vous leur ferez ce qu'il vous plaira. Mais ne commettez pas sur cet
homme une action aussi infâme. Avec cette jolie fable (et ce
nest que le début) extrait de Judges 19:22-29, The
Austerity Program s'en inspire pour le second morceau en recontextualisant
lhistoire. Cest dingue comme le bible est finalement très
moderne. Alors pour supporter tout le poids des bassesses humaines, Justin
Foley (chant, guitare) et Thad Calabrese (basse) ont fatalement compris
quil fallait une réponse à la hauteur, un cri cathartique
pour se vider les tripes et a monté dun cran la violence
et la folie de son propos.
Les envolées mélodiques et écorchées comme
à lépoque de Beyond
Calculation sont terminées. Il nest question que
dune insoutenable intensité, dune implacable urgence,
approcher lasphyxie pour connaître lextase, toucher
du doigt le chaos en espérant ne pas en retirer un moignon et ne
plus réfléchir parce que ça fait trop mal. La boite
à rythme est au top de sa forme, met Roland en PLS et Big Black
au tricot. La fureur de la guitare mitraillette jusque dans les aiguës,
jusque dans les dérapages, les crissements comme des riffs ou un
simple accord qui tue en restant bloqué sur les mêmes cordes.
La basse est un rouleau-compresseur souple et agile assénant tour
à tour la branlée, le matraquage punitif ou le groove assassin.
Et le chant habité par tous ses démons quil dépeint
transcende le tout dune fureur suffocante qui pousse au crime.
Seulement six titres mais ils prennent le temps pendant une demi-heure
de mettre la pression à chaque seconde, de dresser ladrénaline
comme un pitbull jusquau point de non-retour, accentuer les contrastes
et placer des cassures soudaines pour rendre la tension encore plus incroyable,
jouer avec nos nerfs sans aucune préoccupation pour notre santé
cardiaque (et mentale). Un duo infernal qui sort un disque infernal. Et
puissamment frénétique, malade et poignant. Genre hors-catégorie.
Rendez-vous dans cinq-six ans parce que ce groupe nabandonnera jamais.
SKX (02/07/2025)


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