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Three Second Kiss
From Fire I Save The Flame – LP
Overdrive records 2024

Three Second Kiss a retrouvé la flamme. On la croyait définitivement éteinte depuis 2012 et leur cinquième album Tastyville mais à la surprise générale, le trio italien sort du noir et est à nouveau en pleine lumière grâce à From Fire I Save The Flame.
Le feu de Three Second Kiss a toujours été un noise-rock assez alambiqué, sinueux, anguleux et néanmoins souple et élastique. En gros, l’école Albini avec qui le trio avait déjà enregistré Long Distance, US Maple et Captain Beefheart. Et difficile de ne pas citer également l’axe italien du bien Uzeda/Bellini, ne serait-ce que pour la présence à la batterie de Sasha Tilotta, fils de la chanteuse et du guitariste de ces groupes cultes mais aussi parce que la filiation ne se fait pas que par les liens du sang mais par cet amour du noise-rock incandescent qui cherche avant tout l’émotion, le frisson plutôt que la démonstration technique et de force.
Mais le plus surprenant dans l’histoire, c’est de retrouver douze ans plus tard le trio comme s’il nous avait abandonné hier. From Fire I Save The Flame, une suite logique de Tastyville. Avec encore plus de limpidité, d’harmonie, de chant (qui est l’œuvre du bassiste Massimo Mosca) s’insinuant dans les méandres de structures à tiroirs, explosives, narratives, libres d’aller où elles veulent mais qui n’ont jamais parues aussi lumineuses et évidentes. Comme un désir de simplification n’empêchant pas une écriture aventureuse pour une écoute demandant toute votre attention mais moins que d’habitude pour allumer rapidement les bonnes braises de votre feu intérieur. Et rien de mieux que le guitariste Sergio Carlini et son jeu de haute volée pour faire crépiter la chaudière, tendre et détendre des cordes à l’électricité inventive, audacieuse, étonnante et belle au bout du compte. Même les interludes (Intermission n.1 et son piano & Intermission n.2) sont beaux et pas un vain remplissage.
Il est en fait question de blues dans ces musiques là, celles de Three Second Kiss comme celles de Uzeda ou Bellini, ce que symbolise parfaitement l’excellent dernier titre Heart Full Of Bodies. Une autre façon de déclamer ses idées noires à grand renfort de dissonances, de meurtrissures derrière les rythmiques pétaradantes et virevoltantes, de mettre du velours sur l’abrasion et de tout ce chaos qui nous entoure, extraire un brin de chaleur pour continuer à y croire. Rien que pour ça, Three Second Kiss a bien fait de revenir. Une franche réussite.

SKX (18/11/2024)