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Squid Pisser
Dreams Of Puke – LP
Sweatband/Skin Graft records 2024

Squid Pisser revient en mettre de partout. Et il n’est pas question que d’urine ce coup-ci mais également de vomi. Les plaisirs simples de l’existence. Dreams Of Puke, j’en rêve toutes les nuits. Un bon vomi et c’est reparti. Et parce que les occasions de dégobiller en ce bas monde ne manquent pas, le duo de Los Angeles dégurgitent douze nouvelles tranches de vie absurdes et violentes, que ça fait du bien par où ça passe, ça nettoie de l’intérieur et ça donne un moral d’enfer.
Tout dans l’outrance et le burlesque (artwork et masques de mutants compris). Déferlante de bruits forcenés en des temps records, déferlante de rythmiques augmentant le risque de tachycardie, déferlante de riffs attaquant comme un essaim de frelons asiatiques. Tommy Meehan (voix, guitares, basse, noise, samples) et Seth Carolina (batterie, voix) ne tergiversent pas et arrosent généreusement, un sourire aussi goguenard que terrifiant en travers de la tronche.
Douze rafales charcutant noise, grind, hardcore, metal ubuesque pour les faire tourner en orbite dans une dimension spazzcore de l’extrême, aux confins du chaos mais d’une précision toujours démoniaque. Et contrairement au premier album My Tadpole Legion, plus besoin d’invité(e)s au chant, Meehan se charge de mordre lui-même. Ça déboule de partout, ça va à une vitesse folle. Pas le temps de voir un morceau finir que le suivant attaque les mollets avec une ardeur identique.
Mais le duo qui a passé un temps infini à déconstruire/reconstruire toutes ces pistes d’enregistrement (datant de septembre 2021 à février 2022) n’est pas du genre à saloper le travail. Des pros qui, sous leurs visages de détraqués congénitaux, assemblent maniaquement de quoi décapiter plus d’une tête, maîtrisent la dinguerie, contrôlent leurs bas instincts et organisent dans leur extravagance un sens de la performance qui fait froid dans le dos, une puissance de feu ne laissant pas de place au hasard, une énergie frénétique qui ne s’égare jamais. La complexité brûle comme un éclair qui frappe en pleine gueule, entre les deux yeux. Et quand Squid Pisser se permet de ralentir la cadence, d’alourdir le propos, de bifurquer dans des méandres de l’étrange pendant de brefs instants tout en s’en prenant à la famille (Cancel The Family), les amis (Kill All Your Friends) et les voisins (Vaporize A Neighbor, déjà présent sur un récent single), ça ne présage vraiment rien de rassurant. Vingt minutes qui démontent dans les grandes largeurs et s’il ya moyen d’en sortir vivant, il vaut mieux respirer un grand coup avant de se lancer dans cette essoreuse géante et implacable.

SKX (21/09/2024)