saffroneyes
weareunique
specific

Saffron Eyes
Smile Until It Hurts – CD
We Are Unique!/Specific records 2023

Smile Until It Hurts. Cela ne devrait pas être le cas. Le sourire, le premier véritable album de Saffron Eyes le donne instantanément. Et jusqu’aux oreilles. On en attendait pas moins, suite aux sept titres de Pursue A Less Miserable Life.
Par contre, les noms d’albums pas jouasses ne donnant pas le sourire, c’est une autre histoire. Mais c’est justement là tout le charme du groupe de St Etienne, la force du contraste entre un indie-rock entraînant, mélodique, lumineux, léger et l’acidité, la gravité, la mélancolie de ces mêmes mélodies et des paroles. Une musique pop/post-punk à double tranchant. Le sourire cache de bien nombreuses peines. Il n’est jamais forcé mais il fait réfléchir. Et la morsure n’est jamais loin.
Saffron Eyes montre une nouvelle fois tout son talent pour accoucher de mélodies fortement séduisantes dans toute leur sobriété avec ce bout de nerf et de tension continuellement coincé dans les gencives. Et quand bien même l’intensité baisse, ça reste délicat et touchant à l’instar de Sympathy For The Losers ou du court instrumental Tied Up To The Thread You’re Weaving Around Me. Un dosage étonnant et parfait qui émeut autant qu’il donne envie de danser, avenant et fringuant, qui sonne juste, jamais une note de trop, épuré et jamais simpliste, ne reste que la beauté du geste. Et quand ça s’emballe, que ça s’agite plus que de coutume, que ça devient plus rock et chargé d’une sourde colère, c’est encore meilleur, ce qui est le cas des excellents Get Out Of My Head! et Take A Hammer, Consuela!
Et puis vous avez tous ces menus et subtils détails où on ne finit par n’entendre qu’eux comme ces rythmiques qui n’ont l’air de rien mais qui font tout le sel de morceaux comme All I Want (Is A Little Love From You) ou un accord d’une guitare (très inspirée par ailleurs) qui se faisait discrète et finit par devenir entêtant (Love Is A Shed), une ambiance impressionniste prenant de la consistance par une étrange alchimie quasi miraculeuse. Et le chant féminin bien sûr. J’adore cette façon de moduler la voix, de changer subitement d’intonations, de jouer avec les instruments. Tout semble couler de source chez Saffron Eyes, se faire avec aisance alors que rien n’est plus compliqué que de pouvoir sonner aussi sincère et naturel. À écouter jusqu’à ce que ça fasse mal (mais ça n’arrivera jamais).

SKX (16/01/2024)