ronker
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Ronker
Fear Is A Funny Thing, Now Smile Like A Big Boy – LP
Labelman records 2024

Ronker avait mis en appétit avec le bel os à ronger Self Loathing Self Help. Le plat principal s’appelle Fear Is A Funny Thing, Now Smile Like A Big Boy, premier album où tu n’as rien à craindre de la vie mon garçon, alors profite à fond. Ronker a de la suite dans les idées et t’aide à prendre confiance en toi.
Le groupe belge en coach de vie, c’est cependant pas gagné d’avance. Ça secoue sévèrement à l’intérieur et ils m’ont l’air bien perturbé de nature. De grands névrosés qui essayent de se soigner en combinant tout ce que les guitares au nombre de deux peuvent provoquer comme raffut au gré de plusieurs décennies à visiter tous les recoins sombres et agités du rock. Le groupe belge ne donne pas sa part au chien et y va gaiement.
En premier de cordée, le chanteur (et second guitariste) Jasper De Petter toujours à fond et extrêmement concerné. Un gars qui transpire l’intensité et ne fait pas mine d’expulser tout ce qui le gratte à l’intérieur, donnant vie à un personnage dérangé et affolé. La peur est une drôle de chose incontrôlable.
Alors Ronker met une énergie incroyable pour s’armer contre les dangers qui rôdent, convoquent punk, noise, hardcore, alternative rock, indie, metal, j’en passe et des meilleurs pour bastonner et rentrer dans le lard, construire une grosse boule de nerfs éclatant dans des directions multiples. Rafales de rythmes qui blastent et dévalent des pentes raides, vocaux qui prennent à la gorge et ne la lâchent plus comme sur Denderslijk, guitare allumant brasier sur brasier, titres qui foncent et appuient où ça fait mal (Slow Murder, HIIT), convulsions répétées, Ronker a sorti tout l’attirail pour imaginer un lendemain laissant des traces avec quelques litres de sueur en moins.
Heureusement, Ronker a le souci du détail, de la finesse et de l’accroche, glisse des mélodies qui fusent, une guitare variant son jeu, aussi saignante que subtile, des coupures pour reprendre son souffle, contrôlant leur rage pour ne pas filer dans le décor et emballe chaque compo dans des structures qui tiennent la route. Ronker devient ainsi plus complexe, imprévisible, léger le temps de passages plus sereins et pas seulement le temps du titre amusant Boys In The Elevator ou pendant le clap de fin, le bien nommé Ballad Of The Big Boys.
Pour autant, c’est une étrange sensation qui subsiste au final. Comme si Ronker en faisait trop, qu’on se perdait en route dans cette énergie et toutes ces constantes variations, que l’émotion avait du mal à passer. Un groupe précédé d’une belle réputation live et nul doute que ces morceaux sont taillés pour les concerts où ils doivent faire fureur. Sur disque, malgré tout le caractère fort séduisant et les multiples idées, je n’arrive pas à rentrer complètement dans Fear Is A Funny Thing, Now Smile Like A Big Boy. Il faudra encore attendre pour sourire comme un grand garçon.

SKX (14/10/2024)