evernever

Rider/Horse
Matted – LP
Ever/Never records 2024

Troisième album pour Rider/Horse, groupe qui commença à deux et joue désormais à quatre. Chris Turco (batterie) et Cory Plump (guitare/chant) en tant que membres fondateurs ont enrôlé à plein temps Zoots Houston (pedal steel) qui ne faisait jusque là que des apparitions sur les albums précédents et Jared Ashdown (basse). De là à dire que Rider/Horse a pris du poids et est devenu plus bourrin, il y a un fossé que je ne galoperais pas.
Néanmoins, l’ajout de la basse donne du grain à moudre et fournit une assise rythmique encore plus prépondérante au groupe de Kingston (NY), un nouveau pote pour Turco afin de cavaler de plus belle. Cela donne à Rider/Horse une puissance immédiate et accrue, un groove physique qui fait mine d’être dansable, qui cogne dure et précisément, corpulent tout en étant agile, répétitif pour tendre les nerfs et rafraîchissant. Comme un bruit de machine en transe industrielle, sensation appuyée par la guitare aux cordes d’acier et les accords bizarres et sifflants de la guitare pedal steel. Une agitation qui sent la poudre, impression de frénésie mais froide et implacable, détaché de tout sentiment. Au bord de l’urgence que des effluves lugubres et angoissantes empêchent d’exploser. Voir prennent le pouvoir sur l’instrumental sinistre et radioactif Toen (Restored To Glory By The Light) et Small Animals, sans rythme mais plein de fantômes pour finir l’album comme dans un mauvais rêve. Alors que juste avant, He’s Cactus Now avait sévèrement secoué le cocotier, ce qui est la tendance générale d’un Matted extrêmement dynamique. Headache Powder, c’est même la rythmique motorik en pleine action alors que Bombs est le titre catalogué le plus noise-rock avec un Cory Plump, quand il sort de sa réserve vocale et se met à s’époumoner, donne à ce morceau des faux-airs de Glazed Baby. Overdressed est un beau moment de tôles concassées, de poulies grinçantes et de triturations anarchiques sans que la dynamique ne se casse parce que Matted est un album plein de ressort, d’atmosphères changeantes, de mélodies sous une pluie toxique, d’énergie noire à laquelle on ne peut résister, un The Fall en version no-wave avec une volonté d'expérimenter et s'affranchir des courants. Rider/Horse confirme tout le (grand) bien qu’on pensait d’eux. Indispensable.

SKX (26/11/2024)