quits
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Quits
Feeling It – LP
Sleeping Giant Glossolalia records 2023

Les premiers ébats de Quits remontent à 2017 avec une cassette pouvant être considérée comme leur premier album. Puis plus rien jusqu’en 2023 et les débuts en vinyle qui ont pour nom Feeling It. Un groupe de Denver dont le terme vétéran pourrait sonner péjoratif mais c’est juste pour souligner l’expérience et la dextérité de membres qui ont roulé leur bosse dans pléthore de groupes plus ou moins connus comme par exemple un membre de Git Some en la personne de Lucius Fiarchild. Avec un poste de bassiste très instable. Tiana Matsuko Bernard a débuté puis elle a été remplacée par Justin Ankenbauer qui a laissé la place pour l’enregistrement de Feeling It à Cyrena Rosati qui est partie depuis pour le retour de Ankenbauer qui a tout de même signé l’artwork de l’album. Sans oublier Neil Keener (Git Some aussi) qui a fait un passage au sein de Quits. Vicissitudes et turpitudes banales de la vie d’un groupe qui n’était pas une préoccupation principale.
Et Git Some, c’est un peu le fil rouge de Quits dans le coté noise-rock cagneux ou punk-rock anguleux ou post-hardcore sale et tortueux. Avec un chant plus ou moins androgyne éraillé que j’ai d’abord cru que c’était la bassiste qui donnait de la voix (ce qu’elle fait de temps à autre) mais c’est pour soutenir le chanteur principal qui est bien masculin, Fiarchild, toujours lui, dont la voix ne sème pourtant aucun doute quand il s’époumone pour Git Some. Va comprendre. C’est que Quits possède l’art pour vous embrouiller l’esprit, manier les éléments pour mieux les déchaîner en puisant à plusieurs sources pour asséner tonnerre et éclairs avec la colère lézardant sans relâche un ciel très chargé en nuages bas et revêches. Une attaque compacte avec plein de fissures à l’intérieur, jamais foncièrement frontal mais sans cesse mordant, un truc rocailleux qui pulsent des centaines de graviers dans la tronche, tout ramassé, hargneux, combatif mais qui finit par prendre de l’ampleur dans des structures accidentées, disloquées s’étirant dans la durée pour révéler des subtilités insoupçonnées et toute leur beauté crue à l’instar des six minutes de Bucolica. Feeling It, il faut du temps pour le ressentir complètement, profondément, par tous les pores. Mais quand ça arrive, ça vous colle à la peau, ne vous lâche plus et c’est un vrai bon disque de noise abrasive et âprement jouissive.

SKX (08/03/2024)