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Nyos
Waterfall Cave Fantasy, Forever – LP
Pelagic records 2023

C’est toujours un peu le même problème avec Nyos, l’hésitation est à chaque fois permise avant de se décider à en parler. C’était déjà le cas avec le quatrième album Now. Celebration, le cinquième, a été carrément zappé. Et le sixième Waterfall Cave Fantasy, Forever a failli connaître sort identique. C’est jamais l’engouement immédiat, l’impression que ça va pas le faire, que leur math/post/rock/noise je sais pas quoi de duo instrumental possède comme un arrière-goût bizarre. Et quand les références revenant le plus souvent sont Battles et Russian Circles, ça provoque des marches arrière paniquées à toute vitesse. Mais il faut croire que leur petite musique interne et personnelle finit par trouver une faille et qu’elle y résonne suffisamment pour éveiller la curiosité et susciter l’intérêt.
Au fil des enregistrements, le duo finlandais (avec un expatrié anglais de Leeds dedans) a largement étoffé sa palette sonore et varié les humeurs. A tel point que sur Celebration, c’était pas vraiment ça. Un disque enjoué et dansable pour contrebalancer la morosité ambiante d’un album conçu pendant la pandémie.
Avec Waterfall Cave Fantasy, Forever, Nyos signe un disque plus en phase avec ses standards tout en élaborant une toile enrichie de plus en plus sophistiquée. Les pédales d’effets du guitariste font des miracles. Il arrive à faire sonner son engin comme un synthé, manie et superpose de multiples boucles pour faire croire qu’au moins trois guitaristes sont dans la pièce accompagnés d’un claviériste, plaque de gros riffs qui font comme des nappes sonores, voir imite le grondement d’une basse, reste bloqué sur une note, distille de fines mélodies ou des gimmicks mélodiques très répétitifs. Heureusement, ce n’est jamais l’overdose. Tout s’imbrique naturellement avec le jeu du batteur régulièrement en mode free-rock, fournit le nerf et la frappe sèche, impulse l’agitation et les tressautements. Deux types se trouvant les yeux fermés pour construire des titres tendus, noirs, graves, épiques qui frisent l’excellence sur Follow The Hawk Moth et les trois dernières compos quand Nyos est prêt à aller au combat et prend des circuits courts. Avec les sept minutes et quelques de Butter et Pillow Fight auxquelles on peut rajouter l’introductif Kuusi, l’aventure est plus contrastée. C’est la part belle aux ambiances connaissant l’accalmie, un goût de musique plus synthétique voir électronique (un comble pour un duo guitare-batterie), plus de beauté que de dureté mais le batteur est toujours là pour veiller au grain et faire en sorte que ces morceaux gardent un cap attirant. Nyos montre que dans une formule très usitée, il est capable de renouvellement, de singularité avec une certaine réussite et continue son parcours qui mérite d’être une nouvelle fois suivi.

SKX (23/01/2024)



Celebration LP - Pelagic records 2022 :