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Neckbolt
Dream Dump – LP
Born Yesterday records 2023

Dream Dump, deuxième album de Neckbolt, est la vingt-cinquième et ultime référence de Born Yesterday qui a décidé de jeter l’éponge à la fin de l’année dernière. Est-ce pour cette raison qu’il est très dur de se procurer ce vinyle, sans compter les galères avec notre bonne vieille poste française qui ont particulièrement connu leur apogée avec ce disque mais Dream Dump est enfin là et ça serait dommage de passer outre.
Comme quasi toutes les sorties du label de Chicago qui va être regretté, Dream Dump est une nouvelle publication de qualité pouvant fièrement trôner aux cotés de toute la discographie de Landowner, Stuck et aussi Drool ou Béret. Le label fondé par Kevin Fairbairn et Greg Obis (Stuck) avait toujours le flair pour signer des groupes se démarquant de la meute bien qu’évoluant dans des registres connus. Neckbolt n’échappe pas à la règle. Leur façon de faire du noise-rock est assez singulière. Le quintet d’Austin aime tordre le bruit dans tous les sens, le déformer, le faire passer par de multiples prismes sonores pour en ressortir travesti d’oripeaux psychédéliques, d’art-rock tour à tour sauvage ou expérimental, d’esprit caoutchouteux à la Polvo trempé dans un bain ultra abrasif avec des guitares particulièrement prolifiques et bourrées d’effets, une propulsion générale occasionnant des déhanchements fracturés (à la Psychic Graveyard parfois ou plus frontalement entraînant sur No Magic), des jets mélodiques acides et anarchiques, mon tout donnant une forte impression de textures grouillantes et chargées en informations pas toujours bien identifiées.
Le quintet (qui se présente à six désormais) dont Bill Indelicato, ex-bassiste de Exhalants et Carl Sagan’s Skate Shoes, fourmille d’idées et n’est pas du genre à se restreindre. Ça arrose généreusement, ça fuse avec des changements de tonalités, de riffs s’entrechoquant, de rythmiques agités, de chants multiformes et foisonnants qui se croisent et de samples injectés comme sur le génial Marianne 05 qui fait toujours se demander comment tout ça va se finir. Imprévisible, tortueux, halluciné, le miracle de Dream Dump est qu’il arrive à sonner aussi confus que limpide, fiévreux et primaire, partir dans des volutes étranges pour revenir comme un marteau pilonnant une enclume. Neckbolt ne brouille jamais son message malgré l’aspect débridé et bouillonnant de l’affaire. Chaque morceau percute, intrigue, accroche et forme un ensemble plein de vie, d’énergie, de fun, de fracas, de dissonances jouissives et grinçantes. Merci à Born Yesterday pour cette dernière offrande et les cinq années précédentes d’une histoire qui aurait mérité meilleur sort et longue vie à Neckbolt.

SKX (03/07/2024)