modecenter
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Modecenter
Altes Glück – LP
Siluh records 2024

Modecenter est ce groupe autrichien aux influences riches et variées qui du coup ne se laisse pas enfermer facilement dans une petite case. C’est tout à leur honneur. Les fluctuations de personnel depuis Peace ne font que renforcer cette impression. Arthur Darnhofer-Demar est passé de la basse à la guitare et a été remplacé par la toute nouvelle arrivante Matea qui n’a pas participé à Altes Glück. Dieter Kienast et Michael Schneeberger, deux membres historiques, ont fait le contraire. Ils sont partis mais ont quand même eu le temps de contribuer à ce troisième album. Voilà pour l’aspect trépidant de la vie de nos amis les groupes.
Et celle de Modecenter suit tranquillement son cours. Fort de ses deux précédents enregistrements, le quatuor de Vienne poursuit son subtil mélange de post-punk, noise-rock, indie rock et autres déclinaisons à guitare pour délivrer huit morceaux à l’apparence relativement basique mais c’est mal connaître Modecenter. Les premières écoutes ne sont jamais spécialement enthousiasmantes. Et au final, rien de spectaculaire. Mais entre les deux, un beau moment vivifiant, de song-writing révélant des trésors ne demandant qu’un peu d’attention à l’instar de Endurance Eurodance qui n’est pas le marathon de la transe mais un grand moment de sport ressemblant à un tube imparable, sec, nerveux, mélodique et efficacement entraînant. Et c’est tout le talent de Modecenter de savoir épurer le propos, jouer simple, voir banal pour emmener doucement mais sûrement leurs compos sous la lumière grâce à de précieuses idées comme sur le titre d’ouverture New Desire prenant graduellement son envol ou Salto qui sait aller de l’avant et faire monter habilement la pression. Sur les plus punky Kalter Rauch et Zwischen Den Zeilen ou le colérique et excellent Tremor, Modecenter rentre tout de suite dans le vif du sujet pour le bien de tous alors qu’avec Dreck et le final de six minutes The Days, Modecenter développe des effluves bien plus mélodiques et enrichies de trames plus entortillées (avec une belle partie de guitare sur Dreck), voir mélancoliques sur The Days évoluant en mode ballade bluesy mutante. Modecenter possède plusieurs cordes à son arc, dose les approches et les humeurs, éclate suffisamment et largement le cadre post-punk pour le rendre caduc, offrant une nouvelle fois un disque consistant se bonifiant avec le temps.

SKX (02/10/2024)