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Missouri Executive Order 44
Salt Sermon – LP
Learning Curve/The Ghost Is Clear records 2024

Ah ça, pour être salé, il va sacrément être salé le sermon de Missouri Executive Order 44. A partir de Salt Sermon, le nom d’un discours datant de 1838 à propos de dissidences dans l’église par le mormon Sidney Rigdon, le quartet de Kansas City va pulvériser tous les croyants de la terre, qu’importe la chapelle. Les autres aussi. Rien que la signification de Missouri Executive Order 44 connu aussi sous le nom de Mormon Extermination Order en dit long sur la haine que leur provoque toutes les bondieuseries. On ne saurait leur en vouloir. On est même prêt à les aider à enfoncer dans le fondement des bigots la croix de leurs croyances stupides.
Onze titres en un quart d’heure sur une seule face. De l’autre coté, de jolies figures blanches qui tournent mais ne produisant aucune musique. Le châtiment s’annonce suprême. Tempête, rafale, concassage, dislocation et dispersion de rythmes et de guitares dans un grand bûcher hardcore, punk, noise, grind, metalcore, screamo, powerviolence, bref tout ce qui saigne, hurle, psalmodie, écorche, bastonne sévère et se désagrège dans un chaos magnifiquement maîtrisé.
Car Missouri Executive Order 44 ne mise pas tout sur la vitesse et la violence gratuite. Le groupe sait retenir ses coups, varier les cadences, nuancer les effets et surtout placer de nombreux samples bizarres, angoissants ou de prédicateurs allumés qui sont autant de respiration et de participation à l’élargissement de la palette des humeurs. Et comme Jaron Johnson sait moduler l’intensité, qu’il n’est pas le genre à ne savoir que hurler (des paroles qui foutent les jetons) pour éviter de tomber dans le vide et qu’il n’est pas le seul à pousser la beuglante parce que tout le monde apporte sa contribution à l’effort vocal, Salt Sermon parait encore plus dingue, pressuré, ça déboule parfois de partout, ça se mélange aux samples comme sur le saisissant titre éponyme donnant ainsi l’envie d’embrasser un pont d’autoroute avec les dents. Les titres possèdent le sarcasme idéal (Christian Pornography, Let’s Jump A Cowboy Together!, Wear Me Like A Mitt, Romney), l’enchaînement est sans faille malgré le fait que certains titres aux idées bien juteuses auraient mérité plus de longueur en bouche, l’odeur de la frustration en prime symbolisée par l’ultime morceau (They Built A Bass Pro Shop In Our Zion), le seul à brillamment dépasser les trois minutes et tenant la consistance sans problème. Mais c’est le style qui veut ça. Tout cramer en un minimum de temps. La branlée n’en est que plus belle.

SKX (29/11/2024)