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Machiavellian Art
Population Control – LP+CD
Riot Season records 2024

Machiavellian Art enfonce le clou. Et ça fait toujours aussi mal. Après Indoctrinations Sounds, Population Control. Une certaine logique. Qui fait peur. Le groupe anglais étend son emprise. Méchantes ondes. Sévèrement brouillées. Machiavellian Art te jette leur son à la tronche comme un tas de gravats. Bien tassé avec des bords irréguliers qui écorche. L’air s’y faufile difficilement. Chargé en bactéries néfastes. Les deux guitares sont incapables de faire un riff déjà répertorié, un riff tout court. Ça siffle à tous les vents, ça répand un gros nuage toxique et informe, attaque les cordes pour transformer l’électricité en une masse grouillante qui bouffe la cervelle. Quand le mec au micro ne psalmodie pas des paroles que vous ne distinguez pas (mais les titres suffisent à se faire une idée du pire – Crime, A Slow Death, Fear Of The Outside World, Crisis), il crache dans un saxo pendant que la rythmique matraque sans pitié et que la basse maintient une pulsion de vie. Appelez ça noise, punk ou psychédélisme de l’enfer. Dans tous les cas, les six titres de la face A ne font pas dans la dentelle et font passer un sale quart d’heure en matière de bruit purificatoire, hypnotiquement malsain, charognard et nihiliste.
Face B, changement de décor. C’est en tout cas ce que le groupe veut nous faire croire avec quatre morceaux qui seraient portés sur l’introspection. Ça ne saute pas aux tympans. Le mal a déjà été fait. Deux titres dans le lot certes un peu plus longs (les six minutes et quelques de Crisis et Population Control 2), un rythme plus lancinant à la marge, un accablement qui se fait plus profond, les répétitions qui emmènent encore plus bas que terre, l’impression de respirer plus facilement avec des ébauches de riffs plus catholiques. Mais franchement, c’est pas le sourire et l’espoir d’un monde meilleur qui vont revenir avec ça. Le bref Burning Mind est là pour vous rappeler que le chien a toujours la rage. Et si vous voulez accoler l’étiquette shoegaze à tout ce bordel, vous allez faire des déçus chez ceux qui aiment regarder le bout de leurs pompes en s’agitant sur des riffs insipides. Machiavellian Art, c’est plutôt l’école Brainbombs sans les sujets tordus qui vont avec, ça mord, ça tape, c’est de la désolation. Pas de lumière. Pas de mélodie. Juste une magnifique vague d’angoisse qui percute le cerveau comme il faut. Et comme le précédent album, un CD de remixes est fourni avec le vinyle avec huit titres de l’album en format dance-floor de l’apocalypse.

SKX (13/07/2024)