ilun
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Ilun
Bag Full Of Empty Bags – LP
Grazil records 2024

Un sac plein de sacs vides et Ilun à l’intérieur. Un trio autrichien (Graz) comme une pochette surprise bien qu’un premier album en 2019, The Odd Cut, avait tenté de nous avertir mais on avait pas su l’entendre. Toutes les germes de ce qui allaient produire Bag Full Of Empty Bags étaient là. Cinq ans plus tard, Ilun est devenu une sacré belle plante avec des ramifications multiples ancrant cette musique dans un terreau d’une grande richesse.
C’est avant tout l’atmosphère globale qui vous attire. Si la musique est plus ou moins d’obédience noise-rock, vous sentez bien que ça sera pas le noise-rock habituel. Quelque chose et bien plus que ça de grave, déchiqueté, digressif, une façon de travailler le bruit plus singulière, comme souvent sur le vieux continent, à la manière de Helium Horse Fly, Crowd Of Chairs, voir Deity Guns.
Bag ouvre subitement et frontalement l’album mais en général, Ilun est plus oblique, narratif, prend son temps pour faire monter la tension, soupèse, frappe, se retire, frappe à nouveau et vous laisse chancelant. Tout est affaire de climats, installer un cadre dont on sent bien qu’il va bouger, en prenant soin d’y apposer des éléments disparates car les sources d’inspiration sont nombreuses et où tout peut se passer à l’intérieur. Et Ilun ne se gène pas pour le fracasser, l’étirer, jouer avec les intensités, les dissonances, les formes, comment la batterie/percussions s’articulent dans le fracas des guitares, comment le chant s’immisce ou survole ces arabesques parfois anguleuses avec de minimes touches d’électroniques pour la décoration.
Un canevas qui pourrait s’apparenter complexe alors que Ilun possède une merveilleuse science du percutant et de l’incisif qui fait que les sept compositions sont sans cesse limpides et magnétiques. Le trio alterne les moments de grâce et les longues fulgurances qui mettent au supplice, les mélodies déliées et les rythmiques impérieuses, une transe qui secoue, transporte et plein d’accidents pour surprendre, rester sur le qui-vive dans des mouvements amples et réfléchis et des accalmies trompeuses, une fausse indolence, sauf sur le dernier titre, l’apaisé et beau No A Bissl A Plotz, seul titre chanté en allemand. Dans ce sac plein de sacs vides, on a tiré le gros lot, il s’appelle Ilun et vous pouvez tester en toute confiance.

SKX (02/05/2024)





The Odd Cut (Teratogen records, 2019) :