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I’m Being Good
Sub Plot – 2xLPs
Infinite Chug records 2001/2024

I’m Being Good est ce groupe anglais trop méconnu qui sort des disques depuis le début des années 90. Si les choses s’améliorent question reconnaissance depuis leur dernier album en date sorti sur Wrong Speed records, il reste encore du boulot. Toute une palanquée d’enregistrements à (re)découvrir, d’albums sortis confidentiellement et qui auraient mérité meilleur sort. C’est ce que c’est dit Andrew Clare, âme de I’m Being Good, en publiant pour la première fois en vinyle Sub Plot, un album édité en 2001 en CD et épuisé depuis longtemps. Un disque remixé, remastérisé par Clare lui-même et augmenté de trois morceaux inédits dans une belle pochette gatefold. On ne se moque pas du client chez I’m Being Good.
Sur ce disque, Andrew Clare (chant, guitares, noises) est accompagné de Samuel Dook (guitare, batterie) et David Ewan Campbell (batterie, guitare). Mais qu’importe le personnel, la musique de I’m Being Good n’est pas du genre à se révolutionner à chaque sortie. Trumans Water, Polvo et Sonic Youth demeurent les trois balises servant à guider le quidam en mal de repères. Mais il existe tellement d’espace, de développements et de combinaisons possibles dans ces compositions souvent longues que I’m Being Good arrive à broder sans se répéter tout en créant sa propre alchimie.
Sub Plot est donc un album à la dynamique très mouvante, une tectonique des plaques plongeant l’auditeur dans une incertitude constante ne sachant jamais à quelle vitesse il va être mangé, à quel volume il va être englobé, à quelle seconde il va être happé dans des limbes indolentes et encore moins quand le réveil va sonner. I’m Being Good tire sur l’élastique des nerfs jusqu’à la crise d’angoisse. Impossible de savoir quand ça va péter tout en maîtrisant l’art des montagnes russes. Les quasi silences qui durent à tel point qu’on se demande si le disque est bien parti (Solar System Of Blood (For Ringo)) d’un trio prenant régulièrement son temps pour mettre en place ces saillies machiavéliques et caoutchouteuses. Les chutes vertigineuses moitié anxiogènes, moitié free, toujours très dissonantes. Les reprises de volées en pleine lucarnes saturées, les déflagrations orgasmiques, les mélodies qui partent en vrille ou illuminent le ciel et une façon erratique de narrer l’histoire régulièrement instrumentale de leurs morceaux sans jamais (ou presque) perdre le fil. Même lors des quatorze minutes de l’inédit et faussement indolent Four Instruments. I’m Being Good ne cherche jamais à faciliter l’écoute, n’est vraiment pas du genre à aller à l’essentiel, n’en fait qu’à sa tête mais ça regorge d’idées, d’embellies, de longues digressions finissant par se révéler juteuses.
Plus d’une heure de musique demandant du temps et de l’attention à une époque où ça consomme du morceau par paquet de douze dans une pulsion de clics névrotiques n’aide pas à la juste appréciation de I’m Being Good mais la récompense est au bout. Et il en va ainsi de toute leur discographie.

SKX (03/09/2024)