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Hey Colossus
In Blood – LP
Wrong Speed records 2023

Il n’était pas spécialement prévu de parler de In Blood, quatorzième album de Hey Colossus. Ça faisait un bon moment que cette gazette avait lâché l’affaire, se contentant d’un intérêt poli et lointain. L’époque de Eurogrumble Volume One était largement révolue. Depuis ces temps immémoriaux, le groupe anglais a cessé de faire trembler les murs et ses fondations, ne cessant d’évoluer – et c’est tout à son honneur – dans des sphères plus civilisées. Mais il y avait toujours quelque chose à redire avec des morceaux, des ambiances qui faisaient tiquer. Plaisant mais sans que ça touche vraiment. In Blood autait très bien pu suivre cette trajectoire pas très glorieuse.
Et pourtant, le rouge du vinyle est bien présent sur la platine et il tourne de façon on ne peut plus agréable. C’est pas qu’il déchaine les passions non plus mais il possède un charme assez envôutant sur la durée de la part d’un groupe qui n’a jamais sonné aussi immédiat et accessible. Un comble. In Blood a en lui la simplicité désarmante des disques pop pour qui tout semble facile et évident, des mélodies chatoyantes et marquantes s’imposant sans forcer, des structures lisibles, sans surenchère pour du Hey Colossus. Même sur les sept minutes et quelques de Over Cedar Limb, ça se déroule sans accro, sans complexité apparente, sans prise de tête. Et pourtant, à l’instar du triptyque Perle, Can’t Feel Around US et Curved In The Air, c’est richement et finement travaillé et fignolé. On ne voit pas les coups de pinceau mais on n’imagine pas les heures de labeur pour mettre tout ça au point, pour que ça sonne naturel, limpide et que ça finisse par obséder comme le tubuesque et imparable I Could Almost Care qui a tout pour devenir un classique très attendu pendant les concerts et de leur répertoire très fourni.
Et ce qui est bien également avec In Blood, c’est justement le sang que le sextet qui s’est largement remanié au fil du temps fait constamment frémir, la tension qui continue à couler malgré le caractère général plus apaisé et mélodique, jusqu’à bouillir vivement sur le trépidant et noisy TV Alone. Il en résulte un album lumineux, élégant, aérien, sonnant toujours juste
et tout simplement beau à écouter avec suffisament de noirceur, de nervosité, d’intensité et de créativité (notamment avec le travail splendide des trois guitares et la qualité des lignes vocales de Paul Sykes) pour donner envie de recoller à l’histoire de Hey Colossus si, comme ici, vous aviez eu tendance à les bouder.

SKX (27/03/2024)