gustaf
royalmountain

Gustaf
Package Pt. 2 – LP
Royal Mountain records 2024

Gustaf vient de Brooklyn. Et Gustaf, il est en pleine forme. Après un premier album en 2021, Audio Drag For Ego Slobs, qui était passé à l’as, le quintet sans aucun Gustaf dedans revient avec Package Pt. 2. Lydia Gammill (chant), Tine Hill (basse), Melissa Lucciola (batterie), Tarra Thiessen (percussions, chant) et Vram Kherlopian (guitare), seul représentant de la gente masculine et avec des instruments principaux mis à titre indicatif parce que ça s’échange pas mal les places chez Gustaf avec de nombreux déplacements de fonction. Ça donne un disque extrêmement vivant et riche qu’on aura vite fait de classer dans la case post-punk et art-punk surtout, parce que c’est New-York, que ça expérimente et que c’est des malins ne se laissant pas facilement apprivoiser.
Il est donc possible de danser, trépigner ou se languir sans retenue et souvent avec Gustaf, se laisser aller sans prise de tête avec une coolitude maximale (Happiest Thought, Ground), chantonner les nombreuses mélodies, crier avec elles, reprendre en chœur de plus belle mais toujours se méfier des apparences. Gustaf mord aussi, se fait acide, nerveux avec l’aide du chant caméléon et expressif de Lydia Gammill, se tend entre les polyrythmies, coince sa colère au fond de la gorge, dessine des contours plus sombres voir carrément mélancoliques sur Here Hair (alors que c’est tout le contraire sur le suivant, le court et punk Hard Hair) ou l’élégant final End Of The Year. Un habile cheminement parsemé de bruits électroniques et incongrus, de synthés s’entortillant autour d’un groove inarrêtable et d’une guitare qui ne la ramène jamais mais piquant à bon escient.
On comprend pourquoi James Chance s’était intéressé de près à Gustaf. Package Pt. 2 manie le groove et le punk avec talent, le fun et la gravité, l’art de ne pas se prendre au sérieux tout en prenant grand soin de se présenter sous leur meilleur angle et d’accorder de l’importance à l’image que Gustag renvoie même si à la fin, tout ça leur échappe (lire à ce propos le texte de l’insert). L’important, c’est que les idées fusent et rendent attractifs chaque compo d’un second album particulièrement inventif et séduisant.

SKX (04/11/2024)