gougeaway
deathwish



Gouge Away
Deep Sage – LP
Deathwish records 2024

A deux doigts d’être emporté par la grande méchante pandémie qui a fait tousser plus d’un groupe, Gouge Away a retrouvé un second souffle et réussi à terminer l’enregistrement de son troisième album qui avait commencé en 2020. Six ans après Burnt Sugar, le groupe de Fort Lauderdale (Floride) publie Deep Sage, un album enregistré à l’ancienne et à la main comme le groupe prend soin de le préciser sur le obi entourant le vinyle. It was recorded live to 2’’ tape. No click tracks or headphones. No computer was used for the tracking and mixing of this record.
Et à l’ancienne, la musique de Gouge Away en adopte les contours, période années 90. Ceci dit sans que ce soit péjoratif. Parce que bon, c’est pas comme si c’était les premiers, n’est ce pas ? Par contre, le plus étonnant est que ce groupe arrive à mettre autant un pied dans le domaine hardcore/punk et l’autre dans l’indie rock, à concilier la rudesse et les mélodies de plus en plus présentes dans leur répertoire. Gouge Away en a même profité pour allonger sensiblement le tir de ses morceaux sur un album moins ramassé et direct que Burnt Sugar, arrondissant légèrement les angles avec un surcroît de finesse dans des compos sachant toujours allier les moments calmes et les moments énergiques selon une bonne vieille recette qui a fait ses preuves et que Gouge Away manie avec efficacité sans qu’on en voit trop les (grosses) ficelles.
Le quintet arrive même à évoquer un Sonic Youth au terme de sa vie sur A Welcome Change, à visiter des territoires bien plus mélodiques qu’à l’accoutumée voir mélancoliques sur Idealized ou Dallas, un dernier titre ouvertement indie, gentillet et un rien trop facile avec lequel j’avoue avoir un peu de mal, notamment avec le chant tout en douceur de Christina Michelle. Elle n’est jamais aussi forte quand elle tend ses cordes vocales, qu’elle s’époumone avec ce grain qui gratte dans le fond de la gorge et que, à l’instar de la musique, elle se balade en territoire plus punk. C’est comme ça que j’aime Gouge Away, sur des titres qui envoient de la hargne et de l’urgence et heureusement, Deep Sage sait aussi prendre le contre-pied de son titre et rue dans les brancards plus d’une fois sur une poignée de titres vigoureux mais toujours avec discernement. Parce que Gouge Away sait soigner les approches, quelque soit l’humeur de la compo, trouver les accroches, les petits détails qui rendent les morceaux séduisants même si certains font tiquer. Un disque qui glisse tout seul, classique, bien foutu mais avec suffisamment d’abrasion, d’éclat et de naturel pour donner envie d’y revenir.

SKX (29/06/2024)