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Gold Dime
No More Blue Skies – LP
No Gold records 2023

No More Blue Skies mais l’horizon est pourtant toujours parfaitement dégagé et radieux pour Gold Dime. Le troisième album du groupe new-yorkais file un rayon de soleil identique à ses deux prédécesseurs pour vous réchauffer la couenne, quand bien même l’ambiance générale n’est pas à la détente.
Andrya Ambro toujours à la baguette, au sens figuré comme au sens propre. Principale compositrice, à la batterie (son instrument de formation dans une école de jazz), au chant, Gold Dime reste son projet qu’elle mène depuis la fin de Talk Normal pour un nouveau disque produit entièrement par ses soins. Mais c’est en mode trio que Gold Dime avance avec toujours Ian Douglas-Moore à la basse et un nouveau guitariste, Brendan Winick qui prennent part également à l’écriture de quatre des sept morceaux de No More Blue Skies.
Un titre qui n’annonce pas des lendemains qui chantent mais Gold Dime possède le pouvoir de créer des climats envoûtants et non plombants, élaborer des structures narratives qui s’étirent dans lesquelles s’y perdre est un délice en ouvrant des perspectives lumineuses plutôt que creuser un long tunnel sans issue. Une approche personnelle que Gold Dime continue de peaufiner et bonifier, une confrontation entre une démarche cérébrale et un instinct punk, un mélange de tournures devant autant à un rock free et avant-gardiste qu’à un style plus direct et bruyant avec des textures enrichies par des invités au saxophone alto, violon et violoncelle.
Les atmosphères créées par le trio vont de pair avec l’urgence du propos. Vous pouvez autant décoller avec Gold Dime dans des sphères mystérieuses que batailler avec intensité, régulièrement propulser dans les cordes mais sans cesse avec les formes. La face B est à ce titre très réussie avec les trois compos We Lose Again, Interpretations et Ronnie Desperation. Gold Dime passe maître pour raconter une histoire ne relâchant jamais la tension, évoluer sur un fil avec des patterns de rythmes tribaux, galopants ou s’estompant dans le noir, faire grincer les cordes d’un violon, se suspendre aux cordes vocales belles et expressives de Andrya Ambro, ajouter de l’angoisse à des mélodies qui ne demandaient qu’à s’envoler, agrémenter les textures par des sonorités originales et agencer tout ça de façon aussi unique que rafraîchissante. Chacun des sept compos comporte son lot d’idées brillantes, un riff cisaillant prenant par surprise, de multiples parties de basse rondes et obsédantes, des changements de tonalités en plein parcours qui font tout l’embrasement (Beneath Below) et la grandeur de l’envol splendide de Denise, des bruitages et des arrangements qui mettent de la valeur ajoutée. Ça vous hante autant que ça vous fouette le sang.
Ce groupe défie les genres et a trouvé un son et un caractère qui lui sont propres. No More Blue Skies, pas un nuage pour gâcher la vue et encore un album magnifique de Gold Dime.

SKX (19/03/2024)