girlsinsynthesis


Girls In Synthesis
Sublimation – LP
Own It records 2024

Girls In Synthesis enquille les enregistrement à une vitesse dingue depuis 2016. Fallait bien se douter qu’à un moment donné, le trio anglais n’allait pas refaire le même sempiternel disque. C’est pas que Sublimation soit un troisième album totalement différent du reste de leur discographie qui elle même comportait de nombreuses nuances. La touche Girls In Synthesis est indéniablement présente. Elle est reconnaissable dès les premières secondes. Et jusqu’à la fin.
Sublimation comporte néanmoins son lot d’orientations changeant un brin la perception du groupe. Plus de mélodies, plus de synthés, une basse frappant moins durement. L’impression que leur colère innée se fond dans une matrice plus variée et ambitieuse, que la pugnacité naturelle qui constituait le ciment du groupe éclate dans des dynamiques plus contrastées. Mais le feu bouillonne toujours en eux. L’agitation est palpable. L’ajout de pulsions mélodiques et cette tension qui ne les quitte pas donnent des morceaux plus entraînants que jamais, mouvements et secousses irrépressibles à l’écoute des addictifs Subtle Differences, We Are Here et Semblance Of Choice ou l’introductif et excellent Lights Out fonctionnant à deux vitesses (on aurait pu en citer d’autres). Un pas vers plus d’accessibilité tout en gardant ce bout de nerf, une avancée vers la lumière sans se brûler les ailes et ce sens de la compo basique, énergique, efficace que le trio a toujours su mener sans que ça paraisse trop facile, juste un peu plus limpide cette fois-ci. Un compromis qui sonne juste.
Mais le noir n’est jamais loin. Les nappes de synthés comme un voile funeste, des ambiances plus sombres qui se dévoilent, un sentiment d’abattement qui se pointe sous la nervosité. L’amertume gronde sous des dehors plus avenants. Girls In Synthesis manie son post-punk de multiples façons, rajoute des bruitages discrets, une boite à rythme au début de A Damning Lesson qui finira dans un long chuintement bruitiste, fait toujours référence aux années 80 mais n’a pas oublié que ses racines sont punk, que l’abrasion reste une donnée importante mais si tout est un peu plus beau et moins frontal et qu’il na besoin de personnes pour écrire des refrains qui rendent dépendants rapidement. Sublimation, collection de titres n’élevant pas Girls In Synthesis dans des hauteurs encore plus vertigineuses mais installe solidement le trio dans le peloton de tête des groupes qui se font une belle place au soleil du post-punk, qu’importe son inclinaison.

SKX (12/07/2024)