geo
erstetheke


Geo
Out Of Body – LP
Erste Theke records 2024

Les premières paroles du morceau d’ouverture Sunglasses semble poser le credo de Geo. The music sounds weird / The rhythm sounds fine / Is this gap created ? Et devance tout procès d’intention pour qui voudrait taxer ce groupe hollandais de passéiste en terminant ce même morceau par I’m detached from the past / You were so kind to cut the ropes / I just let the wind blow. Une interprétation toute personnelle qui n’a sûrement aucun rapport avec la signification qui trottait dans la tête de son géniteur Jorne Visser (chant, guitare). Il a en tout cas bien raison de laisser le vent souffler, qu’importe le motif, parce que Out Of Body, bien que chargé en références, vole de ses propres ailes vers un horizon dégagé et fort avenant. Geo ne perd pas le nord.
Post-punk, ce premier album l’est indéniablement. Celui qui ne surprendra pas franchement si vous êtes familiers avec des groupes comme Josef K, Fire Engines, Gang Of Four ou James Chance And The Contortions. Si vous aimez les guitares aigrelettes qui coupent dans le vif. Si vous aimez vous tordre sur des rythmes proto funk punkoïde. Geo trouve tout ce qu’il veut dans les vieilles casseroles pour en faire un post-punk minimaliste, au cordeau mais incroyablement vivifiant et décalé. Des formes géométriques qui bâtissent autant d’angles que de bulles, des lignes qui s’entrechoquent, des courants ascendants pour faire tournoyer les mélodies, une guitare qui cisaille, l’autre qui intervient de façon plus aléatoire, pique, s’amuse, une rythmique pour maltraiter les rotules, la basse bourdonnante et régulièrement obsédante. Des bruits étranges, un peu de synthé et de percussions supplémentaires par Ype Zijlstra pour enrichir la palette rythmique déjà très inventive et un chant détaché avec des cris grotesques pour compléter un attirail post-punk pas aussi efflanqué qu’il en avait l’air.
Autant de vignettes sonores entraînantes dans lesquelles transpirent humour, légèreté et sens de l’absurde. D’une totale coolitude (Caught A Cricket), étrange et plus aquatique (All My Love), d’une humeur de puce nerveuse, de moustique bruyant ou plus dur sur l’homme (Big Fire, Is Set Free, Wu Obt Fas), Out Of Body se révèle une expérience hors du temps et fait autant du bien au corps qu’à la tête.

SKX (18/10/2024)