eyesoreandthejinx

Eyesore And The Jinx
Jitterbug – LP
Self-released 2024

Si jamais vous vous demandez ce que peux bien signifier Jitterbug, on a été aux renseignements. C’est un terme pour désigner un danseur de swing. Et de swing, le premier album de Eyesore And The Jinx n’en manque pas. Un swing particulier, loin de standards historiques mais qui donne pourtant une furieuse envie de faire subir à vos membres des mouvements rotatifs défiant les lois de la gravité sur un corps pris de spasmes délirants. Après un 10’’ et un single l’année dernière fort alléchants, le trio de Liverpool était impatiemment attendu. Jitterbug vous fera danser jusqu’à l’épuisement.
Avec Eyesore And The Jinx, on a trouvé les fils spirituels de Badgewearer et Bog-Shed. Avec un esprit garage-rock flottant dans l’air mais qui se fait de moins en moins prégnant. Une histoire de batterie rebondissante, qui sautille, vole, trépigne, s’entoure d’un attirail percussif – vive la cowbell – pour insuffler de la désinvolture et de la vivacité à ce swing des temps modernes. Et guitare plus basse participent aussi à ce sentiment de toupille éprise de figures autant tournoyantes que tranchantes. Car Jitterbug est également une histoire de coupant, d’une guitare effilée qui sait amplifier les dissonances quand nécessaire, de lignes chahutées et d’une voix sur le mode parlé, scandé parfois, plus sobre et revêche.
On ne s’ennuie jamais avec Jitterbug. Avec les coups de mitraillettes, la basse souple et élastique, les mélodies aussi acides et piquantes, les répétitions qui rentrent dans la peau comme une aiguille d’acupuncteur pour finir par libérer les tensions, ces plans qui tournoient ou qui se font plus narratifs et ce swing diabolique qui n’arrête pas de t’entraîner, Eyesore And The Jinx met beaucoup de vie dans ces morceaux avec une pointe d’amertume à l’instar de What Doesn’t Kill You car on sent bien en arrière-fond que l’humeur est n’est pas à la fête et que ça distribue les baffes avec espièglerie. Et quand Eyesore And The Jinx s’essaye à la longueur avec les plus de six minutes de Sleepless, l’insomnie ne guette pas avec un trio qui fait preuve toujours de beaucoup de ressources et de ressorts pour tenir à l’aise la distance. Treize mécaniques parfaitement huilées qui portent bonheur contrairement à ce que suggère le nom du groupe.

SKX (16/06/2024)