dug
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Dug
You Make Me Sad - LP
The Ghost Is Clear records 2023

You Make Me Sad. Pas de tromperie sur la marchandise. Dug continue dans l’excellence pour plomber le moral et donne volontiers un coup de main pour creuser ta propre tombe. Même les jolies fleurs de la pochette font une drôle de tronche. Les deux ex-Buildings (promis, un jour, on arrêtera de citer leur précédent groupe qu’on a tant aimé) Mike Baillie et Travis Kuhlman présentent leur meilleur profil de névrosé pour s’enfoncer toujours plus loin dans les profondeurs obscures du doom. Un doom à leur sauce avec une belle touche de déviance, d’imagination et d’expérimentation pour ne pas tourner en rond et exploser les poncifs du genre. Le second album Pain Machine était à ce titre une vraie réussite.
Avec You Make Me Sad, Dug revient aux fondamentaux. Toujours quelques ornements incongrus dans un tel contexte mais fournissant une réelle plus-value pour enrichir les ambiances et augmenter le taux d’angoisse ou de beauté dans toute cette noirceur poisseuse (le sample de chœurs angéliques sur toute la fin de The Expiring Man, le carillon au début de To The Rhythm Of Death d’un titre annonçant la couleur et The Pain Machine, une minute vingt d’interlude en sourdine avant de reprendre une bonne fessée). Pour le reste se résumant à cinq morceaux pas si longs que ça, Dug asphyxie, écrase sans pitié, joue avec les nerfs sans chercher l’embrouille. Méthodiquement, lentement, inlassablement, solo de la mort du batteur, plus bas que terre et au-delà pour des accords d’une guitare qui va finir par trouver du pétrole à force de forer dans le grave. Ne rien céder au malaise et au vertige de l’abîme. Pas autant d’intensité et de folie mais ça rend dingue quand même. Truro, Iowa ou Handcuffed To Jesus, du parpaing d’une densité extrême et austère balancé basiquement finissant par prendre à la gorge avec le chant hurlant son désespoir alors que Knife In The Water n’est pas un coup d’épée dans l’eau avec sa fin mi-bruitiste mi-industrielle électrisante. You Make Me Sad fournit son lot de contentement mais on les sait capables de faire encore mieux et cinglé.

SKX (20/02/2024)