drahla
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Drahla
Angeltape LP
Captured Tracks records 2024
Parti en fanfare dans la vie avec trois singles, un maxi et un album en
deux ans, lélan de Drahla a été brisé
net par les tourments de la vie qui nont pas seulement pris la forme
dun virus tentaculaire. On nen sera pas plus. Cest donc
cinq ans après Useless
Coordinates que le groupe de Leeds retrouve le chemin des studios
pour Angeltape. Un groupe qui laissait miroiter un avenir encourageant
alors que ladhésion à leurs disques précédents
nétait jamais totale. Jétais curieux dentendre
ce que Drahla avait à proposer après ce long silence.
Sur un fil ténu entre indie-rock et post-punk, entre froideur et
fragilité, Drahla évoluait dans un équilibre anxieux
avec cette impression persistante que le groupe pouvait tout se permettre,
que tout pouvait arriver, pour le meilleur et pour le pire. Avec un guitariste
supplémentaire (Ewan Barr) et lemploi à plein temps
du saxophoniste Chris Duffin, le trio devenu quintet a pris de lassurance,
du coffre et de la complexité tout en gardant cette aura fine et
mélodique en filigrane. Des textures enrichies, des structures
plus abstraites, Drahla na pas choisi le chemin de la facilité
bien que ça passe en toute limpidité. Cest tout le
paradoxe de Angeltape. Les morceaux naccrochent pas rapidement mais
durent plus longtemps en bouche. La douce voix de Luciel Brown a pris
du galon et du relief pour se frotter aux rythmes plus appuyés
et anguleux dun groupe qui na pas oublié que Gang Of
Four venait aussi de Leeds. Sauf quand Drahla se commet dans des déhanchements
plus funky et douteux sur un Talking Radiance dont je me serais
bien passé. Seul bémol dun second album cohérent
où les parties rythmiques sont habituellement inspirées
avec un groove aussi incisif quentraînant. Les interventions
du saxo, instrument toujours propice au doute dans le rock, se fondent
subtilement dans le décor, créé de lémulation
avec les guitares, perturbent les lignes, frétillent dans les interstices.
Un son qui sest donc bien étoffé par rapport aux débuts
minimalistes du groupe. Plus intriqué, fouillé, des plans
plus heurtés et moins prévisibles avec des titres plus denses
comme Under The Glass et Grief In Phantasia. Angeltape
pas franchement angélique. Les mélodies passent au second
plan et sont surtout lapanage du chant et parfois du souffle cuivré
(sans oublier Venus et son délicat piano en forme dinterlude)
qui font que la musique de Drahla continue de respirer et de formuler
une certaine retenue à lensemble. Mais cela fait du bien
dentendre Drahla insuffler du nerf et du corps à ses compos,
se lâcher en construisant des arabesques plus originales et recherchées,
rebondissantes et tranchantes. Drahla de retour et sur le bon chemin.
SKX (14/07/2024)
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