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Doom Beach
Burden – LP
The Ghost Is Clear records 2024

La réaction instinctive et lucide quand un nouveau Doom Beach s’annonce devrait être de crier tous aux abris. Question de survie auditive et de contrôle de votre tension artérielle. Vous avez beau avoir été mis au courant avec leur précédent album Copperhead ou leur récent split, ça fait toujours autant mal, vos mains sont moites et votre pupille roule dans tous les sens car la menace est imminente.
Burden. Fardeau. Tout le poids du monde que le duo de New Britain (Connecticut) va pourfendre par la seule force de sa puissance de tir en passe de devenir légendaire. James Wallace (guitare, chant) et Ryan Prushinski (batterie) ont mis toutes les chances de leur coté en enrôlant Seth Manchester aux manettes de l’enregistrement. C’est toujours aussi hyper saturé, dense, sale, étouffant mais avec l’impression qu’ils sont toute une armée là-dedans. Tout en rajoutant un surplus d’impact et une puissance accrue. Affolant. L’endroit où la souffrance commence et celui où elle finit est identique. Doom Beach n’éprouve aucune pitié et inflige la punition continue. En insistant cette fois-ci sur le doom vu que de toute façon, beach est un leurre et que la plage est enfouie sous une tonne de charbon depuis le début.
Une frappe lourde et ralentie sur une poignée de titres pour accentuer le malaise, n’offrir aucun échappatoire, répéter les mesures avec des coups de massue sismique, des riffs granuleux, touffus qui sonnent comme des basses, se démultiplient et une bouche remplie de clous rouillés hurlant toute sa torture mentale, jusqu’à pousser le bouchon de l’angoisse sur un Atrophy montrant le visage d’un duo plus barré et expérimental. Sans oublier trois interludes instrumentaux qui pourraient passer pour des respirations mais qui ne font que plonger la tête encore un peu plus bas que terre tout en ouvrant des brèches dans l’univers sonore et radical du groupe.
Parce que pour tout le reste, c’est une nouvelle fois un grand moment de sport sans concession. Le noise-rock-sludge de Doom Beach est monté d’un cran dans le nihilisme et la férocité, balançant des parpaings avec une perspicacité de plus en plus grande et inquiétante, un geste vif, juste, implacable alors que l’ennemi vous cerne de partout, que ça grouille méchamment et que le sentiment d’asphyxie ne vous lâche jamais. Tout en restant fidèle à ses principes extrêmes, Doom Beach franchit une étape supplémentaire dans sa genèse qui prend de l’épaisseur et le met en très bonne place sur la carte du noise-rock, option ultime. Burden. Doom Beach ne l’a jamais aussi bien porté.

SKX (13/09/2024)