dayjob
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Day Job
The Auger – LP
Hex records 2023

A partir d’un morceau dont l’idée était sur le fait de creuser un trou, Day Job a approfondi (si je puis dire) le thème et c’est tout l’album qui parle de creuser un trou. Une explication de la part du groupe pour le moins saugrenue mais qui vaut à Day Job de nommer son premier album The Auger. Soit la tarière en français (d’où l’artwork signé Demian Johnston, guitariste-chanteur de Great Falls), un outil permettant de creuser le sol ou divers matériaux. Et question coups de pelle, le trio de Birmingham dans l’Alabama en connaît un rayon. Dans la tronche de préférence. Option tibia.
Les premières fondations avaient été posées par le EP Be A Friend, Make A Friend, suivi de près par la split cassette avec Wipes. Avec The Auger, Day Job continue les fouilles. Toujours plus profond, plus lourd, plus grave, s’enfonçant dans le noir d’une atmosphère à couper au couteau tellement ça ne rigole pas là-dedans. Day Job creuse sa tombe. Et à mains nues. La terre se dérobe sous ses pieds. Le cœur est en colère. Day Job pèse de tout son poids. L’humeur est assassine. Le rythme n’est jamais rapide mais c’est continuellement massivement appuyé, écrasé sans surplus, sans gras débordant sous chaque frappe. Avec un groove insidieusement voir ouvertement galvanisant à l’instar de cette ligne de basse sur Medicine soignant tous les maux de tête. Parce que de tête, t’en as plus.
Fudge Tunnel, Tad, Unsane sont invoqués sur l’autel des grands frères. Leurs frangins de Wipes aussi. Les riffs sont au chalumeau, ne laissent pas couler le sang qui s’embrase sur place parce que dégageant une chaleur de malade, pouvant le cas échéant se laisser aller à quelques harmonies rimant avec sulfureuses mélodies pour lécher les plaies, voir donner l’impression d’un violoncelle grinçant sur Dead Crop. The Auger possède un trait de caractère précis, froid, implacable, sec sous l’aspect massif et féroce. Mais aussi irrésistiblement captivant car Day Job vibre de partout sous la carapace, ronge son frein, hurle en se retenant, lamine avec intensité, n’explose pas vraiment mais met une pression incessante, grésille, brûle d’un feu intérieur. Dix titres à l’empreinte très marquante. Nul doute qu’avec un tel disque, Day Job va faire son trou.

SKX (08/02/2024)