cuntroaches
skingraft


Cuntroaches
s/t - LP
Skin Graft records 2024

J’étais pas prêt. Pas prêt à recevoir ce seau d’ordures sur la tronche. Ce qui apparemment n’est pas qu’une vue de l’esprit puisque Cuntroaches est réputé pour balancer des sacs poubelles et autres détritus en concert sur son cher public qui ne demande pas autant de délicates attentions. L’insalubrité de Cuntroaches que Skin Graft est allé dégoter du coté de Berlin est donc totale. Accrochez-vous ou fuyez.
Un trio avec Claire Panthère (batterie), David Hantelius (basse) et Martina Schöne-Radunski (guitare, voix et connue aussi pour être actrice dans plusieurs longs-métrages allemands) qui bombarde un féroce bruit toxique par vagues et par saccades en connexion directe avec les toilettes de Lucifer. Il paraît même que les bruits lugubres au début de Gravity System ont été engendrés à partir de tuyaux d’une fosse septique arrachés lors d’une rénovation par la batteuse. Si ça c’est pas de l’amour de la musique !
Huit morceaux diaboliques qui répandent le malaise et bonifient les techniques de dépeçage en empruntant au charme du black metal pour la voix essentiellement (j’ai mal aux cordes vocales pour elle) qui tient principalement en des borborygmes/vomissements perclus d’effets avec des effluves de noise pure à la Boredoms et toute la clique japanoise, de no-wave, de metal tordu chauffé à blanc et de free extrême. Ça fait peur et vous avez raison.
Mais ce qui permet de tenir, c’est la capacité de Cuntroaches à matraquer ce poison avec une section rythmique puissamment armée, une machinerie infernale qui prend la tête en étau entre l’enclume de la batterie impitoyable et très punk à ses heures perdues et la basse déchaînée dont je ne savais pas qu’il était possible d’en extraire de telles sonorités. Dans tout ce satanique vacarme, le trio arrive à maintenir un cadre plus ou moins rock, une pulsion qui avance (même si c’est pour te piétiner la gueule), des compos qui ne sont pas que des gros pâtés mais quelque chose bien qu’incertain d’incisif et fun (à condition d’avoir un sens de l’humour bien accroché), des couches de bruits et de bordel tellement abrasives que cela en devient totalement aliénant, un disque de malade qui finit par hypnotiser comme un trou noir. Et ce n’est pas le trou des toilettes. En plus, si vous voulez prolonger à l’infini le plaisir, ce premier album voit chacune des faces se terminer par un magnifique locked groove dont l’une imite à la perfection le bruit de la tronçonneuse. Et surtout, n’hésitez pas à aller les voir en concert.

SKX (23/06/2024)