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Crying Loser
Oaf Milk – LP
Swish Swash records 2024

A l’époque qui était récente, ce n’était qu’une modeste cassette. Mais c’était tellement bien qu’on n’avait pas pu s’empêcher d’en glisser quelques mots. Désormais, c’est un beau vinyle couleur boisson lactée à la fraise (une autre manière de dire rose) et c’est le label rennais Swish Swash qui régale. Il a fallu pour ça tendre l’oreille chez les voisins, de l’autre coté de La Manche, direction Cork et la verte Érin. Entendre les pleurs de Crying Loser qui sont en fait des larmes de bonheur. Et surtout pas de perdant. Ou alors magnifique. Comme pouvait l’être James Chance & The Contortions.
Les convulsions engendrées par Crying Loser puisent leur source dans un mouvement no-wave biberonné au free-jazz, le saxophone étant remplacé par la clarinette basse, voir la flûte de Sam Clague. Et de liberté, il en est beaucoup question sur les six titres de Oaf Milk. Avec également Arthur Pawsey (guitare, chant), Michael Fitzgerald (basse) et Ruarí De Búrca (batterie), le quatuor irlandais fait trembler les structures, élargit le champ des visions, vibre par tous les pores d’une fièvre contagieuse pour trépigner comme un damné jusqu’au bout de la nuit. La rage qui suinte, ce bout de nerf sans cesse mâchonné, excité, trouvent du repos dans les sonorités onctueuses, enveloppantes ou plus graves de la clarinette basse (bien plus présentes que celles de la flûte, on va pas s’en plaindre) se mariant à merveille avec les grincements et les triturations des cordes électriques de la guitare. Quand ce ne sont pas les deux qui se lancent dans un rapport free & stridence.
Mais c’est bien un sentiment punk qui flotte dans l’air, qui percute les rotules, des soubresauts plein d’éclats de verre qui percent l’épiderme jusqu’à la transe agité de Muscle Man. Quasi sept minutes d’une gymnastique aussi élastique que hypnotique, étirer sans rompre, endurer un groove répétitif et inarrêtable qui finira par disjoncter. Un grand et beau moment de sport. Pour un premier enregistrement au final singulier et régénérant. Crying Loser, de belles têtes de vainqueurs.

SKX (29/02/2024)