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Couch Slut
You Could Do It Tonight – LP
Brutal Panda records 2024

Quatrième album de Couch Slut. On reprend les mêmes ou presque. Le guitariste Kevin Wunderlich a déclaré forfait et est remplacé par Dylan DiLella (Pyrrhon). Sinon, Ben Greenberg est à nouveau à l’enregistrement et le reste souffle d’un vent toujours aussi mauvais, malsain, inconfortable et choquant. Tes envies d’espoir, tu peux te les mettre où je pense.
Sur les traces encore fumantes de Take A Chance On Rock’n’Roll qui remontent pourtant à quatre années, le quintet new-yorkais poursuit son œuvre punitive où noise-rock, punk et metal sont broyés menu-menu dans une grande lessiveuse laide, belliqueuse et provocante. La seule lecture des paroles de Megan Osztrosits où tu ne sais plus trop si c’est de la fiction ou de la réalité et qui racontent de sales histoires d’agression (celle du batteur Theo Nobel sur Laughing And Crying lors d’un cambriolage chez lui), d’auto-mutilations (celle de la chanteuse), de viol (Couch Slut Lewis) et autres contes horribles de la vie ordinaire touchant au summum à la fin de The Donkey avec une histoire à dormir debout qui commence comme ça - So the next day I’m going to see my friend Greg in Williamsport, who killed himself shortly after this – ne donne vraiment pas envie de croire en l’humanité qui mérite de toute façon de crever dans sa propre connerie. Couch Slut donne les crocs et soif de sang. Rarement un groupe n’a aussi bien mis en musique la folie quotidienne. A donner envie de gratter le trottoir avec les ongles.
Couch Slut empile les strates d’intensité comme des hyènes qui n’ont pas bouffé depuis huit jours, dresse deux guitares en mode perceuse-visseuse et un ton général plus hargneux et furieux que jamais. De grosses rasades de boules noirs descendant directement d’un ciel en feu, des torpilles qui te tombent dessus et aucun moyen d’y réchapper, des titres qui pèlent la peau pendant de longues minutes où la tension est patiemment amenée à son comble (The Weaversville Home For Boys, Wilkinson’s Sword, The Donkey) avec les guitares qui vrillent le cerveau et une incroyable capacité pour ne pas laisser respirer sa proie. Un déluge qui peut ne pas être de tout repos (et pas toujours pertinent comme ces invités masculins issus de groupes death-metal avec des interventions vocales qui font l’effet d’une chasse d’eau qui se vide) mais vous savez que si vous venez faire un tour chez Couch Slut, c’est pour prendre une mémorable fessée et You Could Do It Tonight est un merveilleux exutoire à toutes vos pulsions de démence en milieu hostile et apaiser votre rire malveillant.
Avec un sens du chaos et de la violence jamais pris à défaut par un trop plein de puissance ou de frénésie non contrôlée. Malgré l’air saturé et sans cesse dissonant avec des couches de synthés, le shehnai, les cloches ou la trompette et flûte (par Amy Mills, l’autre guitariste) qui se rajoutent dans le tableau sans qu’on les distingue vraiment, You Could Do It Tonight est dense mais au cordeau, sauvage mais lisible avec cette aptitude de l’épique brutal pour donner de la hauteur à leurs bas instincts et des compos ne laissant pas indemne. You Could Do It Tonight. Vous n’en ressortirez pas sans quelques dommages mais ça fait un bien dingue.

SKX (02/07/2024)