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Chat Pile
Cool World – LP
The Flenser records 2024

Il va bien falloir régler son sort à Cool World. Un disque capable de ne pas faire lever un seul sourcil comme de stimuler les neurones, de trouver ça pas très emballant puis de faire passer un bon moment l’écoute d’après. J’ai beau le retourner dans tous les sens n’importe quand n’importe où, le ressenti est toujours le même. C’est tout le paradoxe du second album de Chat Pile.
Un album se révélant en fait inégal. Entre des compos plus mélodiques et accessibles et d’autres plus violentes étalant leur frustration et leur dégoût, entre le mode pilotage automatique manquant d’inspiration et ce nihilisme froid avec une belle pointe de désespoir rageur qui fait tout le charme de Chat Pile et connaît encore de beaux et sombres élans, c’est comme si le groupe de Oklahoma City n’avait pas réussit à tout concilier et était resté le cul entre deux chaises, à l'instar des multiples styles musicaux abordés (noise-rock, metal, indus, sludge, etc) et mélangés tant bien que mal. Comme si les points faibles qui avaient pointé leur vilain museau sur God’s Country avaient été accentuées. Manque de tension, d’allant, quelques facilités que les multiples écoutes n’arrivent pas à effacer. Le gentil et entraînant Shame, même avec son chant growlé tombant comme un cheveu sur la soupe, les six minutes longuettes de Camcorder, le traînant Milk Of Human Kindness, c’est pas ce que Chat Pile a fait de mieux. Masc est pas loin de tomber dans cette catégorie. Un titre qui n’arrive pas à la cheville du Mask de Remove Your Skin Please. Et ce n’est pas qu’une question de lettre. Toute la subtile différence entre deux périodes de la vie de Chat Pile. Qui a fait que God’s Country était déjà moins prenant et que Cool World poursuit sur cette voie. Un Masc symptomatique d’un groupe devenu moins effrayant et pernicieux, suscitant moins le malaise au détriment d’une puissance et lourdeur accrues, les arpèges d’une guitare qui racontaient vraiment quelque chose et qui sont plus inoffensifs désormais, une intensité et une folie sous-jacentes qui participaient à l’envoûtement général alors que maintenant Chat Pile passe plus en force, privilégie l’efficacité et est plus carré.
Ça n’empêche pas Cool World d’être méchamment palpitant avec un I’m A Dog Now qui montre les crocs, Funny Man qui ne fait rire personne et donne des envies de coups de boule dans les murs, l’enflammé The New World pendant lequel le groupe retrouve toute sa dinguerie, tout comme No Way Out qui met sur les genoux et est judicieusement placé en morceau de sortie. Mais il manque toujours ce petit truc supplémentaire, ce regard bizarre et halluciné, cette paranoïa qui prenait aux tripes, ce magnétisme malsain qui hypnotisait. Ce n’est pas grand-chose mais c’est toute la différence entre un bon album et un grand album qu’on est toujours en droit d’attendre de la part d’un groupe qui avait fait naître tellement d’énormes promesses suite à leurs deux premiers enregistrements.

SKX (12/12/2024)