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Boucan
Deux – LP
Abréactions Productions/Muzotte/Day Off/Araki/Vox Project/Bigoût records 2024

Boucan, qui s’y frotte, s’y pique. Tel pourrait être le message subliminal de cette originale et adorable pochette. On était pourtant prévenu avec un premier enregistrement publié deux ans plus tôt. Boucan a le bruit mordant. Deux cactus, deuxième album, un duo. Si t’as pas compris, c’est que tu mets vraiment de la mauvaise volonté. Et Deux pour deux fois mieux. La tentation est grande mais ça serait inexact et exagéré. Ce deuxième album est cependant une avancée qualitative par rapport à un premier disque qui avait eu le mérite de déjà bien marquer son territoire et les esprits.
Toujours enregistré par le batteur Raphaël Aboulker, Boucan a gagné en impact, une puissance accrue, un basse-batterie qui rentre dans les chairs, cogne le plexus, aussi agile que lourd et précis. La basse de Benjamin Munier est divinement distordue comme sur Transhumance ou Idées Noires, chaque coup de batterie compte triple, Boucan sonne d’enfer. Ça calme.
Le duo joue également sur les changements de textures, placent quelques effets bien sentis (Cluster) et modulent les humeurs leur donnant ainsi une profondeur nouvelle. Sabotage(s) et Valse, Entorse apaisent au milieu de la tempête, graves, sombres, inquiétants sur les bords, ce qui n’exclue pas les méchants coups de grisou et les changements de braquet dans ces deux morceaux mais on sent là chez le duo une ambition renforcée pour travailler plus au corps et dans le détail les structures, les faire vivre intensément et qu’elles surprennent pour qu’elles vibrent durablement. Il faut bien ça pour trouver son chemin dans le monde impitoyable du noise-rock instrumental.
À partir de là, Boucan peut s’amuser sans scrupule à expulser tout le feu qui fermente en eux, partir dans d’improbables et urgentes cavalcades rythmiques, un dialogue à la vie à la mort comme si ce duo ne faisait qu’un, tout raser sur son passage puis tendre des pièges, tout éclater, disperser, chaque instrument prenant des routes différentes avec des lignes de basse diaboliques pour mieux se retrouver dans un final dantesque qui a pour nom Atonie, un titre ironique pour un morceau à l’énergie débordante et plein de rebondissements s’achevant dans une fin hyper haletante et un ultime et bref cri libérateur des protagonistes qui n’en pouvaient plus (comme nous) devant tant de pression infligée. Que sept morceaux mais allant sans problème au-delà d’une demi-heure passionnante et très inspirée, variée, incisive, physique mais aussi avec du cœur. Il ne faut jamais oublier qu’une fleur pousse au sein d’un cactus.

SKX (02/12/2024)