bedmaker
dischord


Bed Maker
s/t – LP
Dischord records 2024

Pour présenter Bed Maker, l’intro qui avait servi pour Hammered Hulls pourrait être reprise quasi mot pour mot. Un groupe respirant fortement Dischord et Washington DC. Quatre musiciens possédant un long passé dans la scène punk-hardcore. Vin Novara (The Crownhate Ruin) à la batterie, Arthur Noll (Light Beam) à la basse, Jeff Barsky (Time Is Fire, Sunset To The Sea avec Chris Brokaw) à la guitare et Amanda MacKaye qui n’avait plus chanté depuis Routineers en 2004 qui répondait déjà à un long silence depuis Desiderata au début des années 90. Elle a également fondé Sammich records avec Eli Janney (Girls Against Boys). Accessoirement, elle est aussi la sœur de Ian et Alec qui ont joué dans quelques groupes un peu connus. Le chemin est bien balisé. On sait où on met les pieds.
Par contre, le laïus sur Inner Eat Studios est à corriger. Il avait été écrit que l’album de Hammered Hulls était le dernier enregistré dans ces studios mythiques en octobre 2021. Et le premier album de Bed Maker a été enregistré en mai 2023 aux Inner Ear Studios. Cherchez l’erreur. En fait, les studios qui se trouvaient à Arlington ont été détruits et sont revenus dans le sous-sol de Don Zientara, là où tout avait commencé quarante ans plus tôt. Tout en conservant le nom. L’aventure continue.
Et Bed Maker perpétue à merveille la tradition tout en apportant sa pierre à l’édifice. Si Amanda MacKaye doutait de son retour derrière le micro, elle est pleinement convaincante. Sans vraiment chanter mais en évoluant sur un mode parlé/intense, elle arrive à se montrer mélodique et s’insérer sans problème dans la dynamique décidée des compos. L’ombre de Fugazi n’est jamais très loin (l’énergique Ballad Of Tokitae), les effluves de la ville qui a engendré tant de bons groupes punk non plus et Bed Maker arrive à trouver sa propre voie dans cette riche histoire grâce à une qualité d’écriture enthousiasmante. Une section rythmique assurant un groove excitant et imparable, notamment ces superbes parties de basse souples et entraînantes comme sur Seasonal Restitution. Un guitariste qui griffe des mélodies insidieuses et des riffs ne s’encombrant pas de beaucoup d’accords pour toucher sa cible. Un son dans toute sa simple abrasiveté, avec autant d’espace que d’angles rugueux. Quelque chose d’efflanqué et chaleureux, qui va à l’essentiel et jouissant cependant d’une mécanique infaillible et d’articulations détachées et parfaitement coordonnées. Cela donne des titres s’enchaînant sans faiblir devenant vite addictifs et obsédants comme Two Left Feet ouvrant impeccablement la régalade qui va suivre, l’envoûtant Artful Dodger ou le Michelle de Loops/Holes qui reste en tête longtemps, tout un tas d’accroches solides et éclairées qui rendent ce disque un incontournable de la galaxie Discord et bien au-delà. Un très bon album punk tout simplement.

SKX (23/07/2024)