
apiuiz
permafrost
doityoussef
redwig
|
Api
Uiz
SM – 2xLPs
Do It Youssef/Attila Tralala/Les Clampins D’Abord/Red Wig/Au9/Permafrost
records 2024
Oui, SM comme sadomasochisme. Alors préparez-vous à
souffrir et à aimer ça, Api Uiz donne la fessée,
la sixième du nom. Domination et soumission, pas le genre de credo
auquel nous avait habitué ce groupe de Bordeaux qui traverse les
âges depuis les années 90. Mais c’est que les temps
sont durs, que ça agresse et que ça souffre alors Api Uiz,
ça leur inspire des titres qui font mal.
C’est une toute autre paire de menottes avec la musique qui n’a
pas suivi la voix de son maître. Largement plus souriante, euphorique
et insoumise, SM va mettre du soleil dans votre punk, du rythme
syncopé dans la grisaille ambiante et une bonne couche d’électronique
supplémentaire. Et je ne m’attendais pas à ça.
Ça et le fait que Yann Saboya ne fasse pas partie du générique
de SM. Les Vega sont toujours là, Enrique (basse) et Jorge
(batterie). Mehdi Beneitez qui avait fait son apparition sur l’album
précédent, Peplum, qui remonte déjà
à 2017 est désormais le seul préposé à
la guitare et Éric Martinez (Erez Martinic) débarque aux
synthés à la place de Armelle Marcadé. Et donc plus
de Saboya, figure historique et emblématique du groupe avec son
jeu de guitare frénétique. Api Uiz entame donc une nouvelle
mue et c’est pas rien.
Si l’humeur bouillonnante et l’entrain général
persistent et que la générosité est une seconde nature
chez Api Uiz, SM tend vers une atmosphère foncièrement
dansante, ensoleillée où la guitare est moins sur le devant
de la scène et dans tous les ébats au profit des synthés
en augmentation conséquente. Moins de rock, plus de funk mutant.
Moins de dissonances et d’abrasions, plus d’ondes et de gimmicks
électroniques. Plus de coupé-décalé et aussi
de bizarreries, d’élongation des muscles dans des structures
répétitives qui cherchent la transe pour faire danser jusqu’au
bout de la nuit.
Un double-album, huit titres mais pas plus de longueurs que ça
dans un disque finalement assez court alors que la tentation aurait pu
être grande d’en rajouter encore plus dans les répétitions
et l’hypnose des rythmes qui trépignent. Api Uiz a laissé
son imagination galopée dans des territoires qu’il n’avait
qu’effleurer jusque là, libre comme toujours de faire ce que
bon lui semble. A la dureté du monde, Api Uiz a opté pour
la légèreté et l’abandon des corps aux polyrythmies
avec quelques coups de butoirs et accélérations plus directes
bien sentis comme sur les neuf minutes et quelques de L’Embarras
Du Chat ou Cheval Et Tortilla. Et une poignée de samples
assemblés en mode cadavres exquis sur L’idée Du
Désert particulièrement bien fait et truculent. Pour
le reste et dans l’ensemble, j’avoue être beaucoup moins
sensible à cette direction prise par Api Uiz. Pas besoin d’être
sadomaso pour écouter cet album qui reste étrangement plaisant,
curieusement déphasé avec des signes d’une douce mélancolie
qui s’en empare parfois mais ma résilience a ses limites.
SKX (28/10/2024)

|
|