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American Motors
Content – LP
The Ghost Is Clear/Expert Work records 2024

American Motors est une drôle de belle mécanique. Un trio de Lancaster (Pennsylvanie) taillé pour les routes aussi dégagées, radieuses que cabossées et mystérieuses. Mais quel que soit le paysage, il reste irrémédiablement envoûtant. Le trajet qui a emmené American Motors à ce premier album a été long et semé de beaucoup d’autres projets dont on ne sait pas grand chose. Qu’importe. Un nouveau voyage entamé à deux avec Dustin Travis White (guitare, chant) dont on se rappelle juste un autre de ses groupes vieux de vingt ans (Between The Devil And The Deep Blue Sea) et Alex Steward (batterie, chant) qui ont composé tous les deux Content puis enrôlé le bassiste Brad Williams.
Content, un premier album rapidement écrit après à peine un an d’existence et qui s’est offert les services de J. Robbins (Jawbox) pour l’enregistrement et mettre toutes les chances de son côté. Plus de temps à perdre. Et c’est une belle réussite. Qui tient à peu de chose finalement. Parce que qu’est ce qu’on y trouve justement dans Content ? Rien d’impressionnant de prime abord. Un trio de facture assez classique qui joue son rock sans s’énerver plus que de raison, sans passion exacerbée ou tour de passe-passe qui en met plein la vue. Mais leur petite musique ne tarde pas à vous choper par le colbac et doucement hypnotiser.
Un noise-rock porté sur les ambiances, un art-rock anguleux, de l’indie-rock avec des refrains limpides et des mélodies rayonnantes, American Motors se fraie habilement un chemin sans avoir l’air d’y toucher pour asséner sa touche personnelle. Musique autant percutante que ample et déliée. Minimaliste serait un terme inexact mais il est vrai que American Motors ne donne jamais l’impression de la note de trop. Apport de nappes de synthés pour donner une dimension spacieuse et élever les compos vers une sphère encore plus magnétique.
Pendant ce temps là, la rythmique cogne, se fait tendue, répétitive. American Motors ne perd jamais le fil de l’intensité avec de la profondeur à l’intérieur. Facs, avec qui American Motors partage quelques approches esthétiques, devrait en prendre de la graine parce que eux arrivent à ne pas vous endormir avant la fin. Leurs compos possèdent une aura sobrement ensorcelante avec de l’espace et de la dureté, un chant sans velléité qui plane au-dessus de la mêlée et accentue ce sentiment de grandeur, un basse-batterie aussi beau qu’intraitable qui valent des parties fines et accrocheuses (Colonial Lanes, The Former Mall Anchor Store Call Center Blues), des arpèges glacés fascinants (A Half finished Wall Of Glass Blocks, Three Crosses), des titres entraînants qui s’embrasent dans des volutes noisy/shoegaze comme (A Billboard Reading) Dissolve Jefferson, des détails qui n’ont l’air de rien mais se révèlent tranquillement prenants comme sur les splendides Tamarack ou Statues avec cette mélancolie qui rôde et finit par émerveiller plutôt que plomber. A l’arrivée, ces huit morceaux vous ont littéralement scotchés et American Motors, un trio subtil et talentueux qui s’impose sans forcer et qui va compter pour la suite. Magie noire.

SKX (29/12/2024)